Eglises d'Asie

Java-Est : le bras de fer continue entre le responsable d’une école coranique désireux de conduire la prière en arabe et en indonésien et le chapitre local du Conseil indonésien des oulémas

Publié le 18/03/2010




Le 2 avril dernier, Mahmud Zubaidi, responsable du chapitre de Malang du Conseil indonésien des oulémas (MUI), a déclaré que son organisation ne révoquerait pas l’édit pris deux ans plus tôt interdisant la conduite de la prière musulmane en indonésien. Il réagissait à une plainte déposée contre lui et trois de ses collègues ainsi que contre le régent du district de Malang, par Muhammad Yusman Roy, responsable d’un internat islamique (pondok) de Malang, à Java-Est.

Muhammad Yusman Roy, chrétien converti à l’islam en 1975 et ancien boxeur, s’était fait connaître il y a deux ans (1) lorsqu’il dirigeait l’internat I’tikaf Jama’ah Ngaji Lelaku. Constatant que rares sont les Indonésiens capables de comprendre l’arabe, il avait décidé que les jeunes qui lui étaient confiés devaient certes apprendre la calligraphie arabe pour lire le Coran et le réciter par cœur, mais qu’ils devaient aussi en comprendre la signification. C’est pourquoi, pour le rituel de la prière shalat, au cours de laquelle des versets du Coran sont récités, il avait choisi de conduire la prière en arabe et de la faire suivre d’une traduction en indonésien. Cette initiative lui avait valu l’hostilité de ses dirigeants et une arrestation par la police. Le procès qui avait suivi, devant la justice civile, lui avait valu d’être condamné à la prison ferme. En première instance, un tribunal de Malang l’avait reconnu coupable, non d’avoir blasphémé, mais d’avoir « défiguré » l’islam. Cette peine avait été confirmée en appel, devant la Haute cour de Java-Est, mais, finalement, devant la Cour suprême, Muhammad Yusman Roy avait certes été reconnu coupable, mais au titre du seul article 157 du Code pénal, qui punit la diffusion de littérature susceptible de répandre la haine.

A sa sortie de prison, Muhammad Yusman Roy n’a pu rouvrir son internat, face au refus des autorités de Malang. Selon le Jakarta Post, il pense que l’administration de Malang a subi des pressions de la part du ministère des Affaires religieuses qui craindrait des troubles de l’ordre public et il a décidé de porter plainte contre l’administration.