Eglises d'Asie

L’archevêque de San Fernando dénonce les maux dont souffre le pays et déclare que l’Eglise n’a pas abandonné les Philippins

Publié le 18/03/2010




A l’occasion de la Semaine Sainte, Mgr Paciano Aniceto, archevêque de San Fernando, a appelé les catholiques à s’interroger sur leurs responsabilités « dans les maux sociaux et moraux » qui affligent le pays ; il les a aussi encouragés à entrer dans une démarche « concrète » de pénitence collective. Au-delà du constat sur l’état du pays et l’invitation des catholiques à se ressaisir, il a précisé que son appel était aussi une réponse à « la clameur populaire » qui voudrait voir les responsables de l’Eglise catholique « donner de la voix ».

« Pardonnez-moi d’être resté silencieux depuis si longtemps et, peut-être, de vous avoir donné l’impression que je suis devenu indifférent à la décadence morale qui dévore la bien-aimée province de Pampanga », a écrit Mgr Aniceto, dont le diocèse, proche de Manille, couvre l’ensemble de la province de Pampanga.

Selon l’évêque, si l’attention de la nation se porte sur la province de Pampanga, c’est bien parce qu’il existe un fondement aux rumeurs qui disent que cette partie du pays est minée par l’argent des jueteng (1), ces loteries très populaires et illégales, que toutes sortes d’affaires « immorales et illégales » y ont cours et que ceux qui dirigent ces activités « sont en mesure de prendre le contrôle de la vie politique locale si nous ne faisons rien pour nous y opposer ».

Dans une lettre intitulée Rejeter le mal, chercher le bien, diffusée le 31 mars dernier et lue dans les 92 paroisses du diocèse, Mgr Aniceto demande à chacun d’admettre « humblement » qu’il a sa part dans « les péchés sociaux » qui foisonnent, plutôt que de chercher uniquement « à pointer un doigt accusateur sur l’autre ». Sur le terrain politique, à l’approche des élections du 14 mai prochain, l’archevêque met au défi tous les candidats qui se présentent dans la province de rejeter « catégoriquement et véritablement » toute forme d’implication dans les paris clandestins et la corruption. Quant aux électeurs, ils sont appelés à éconduire les candidats corrompus ou compromis dans des transactions « immorales ».

Selon l’évêque auxiliaire du diocèse, Mgr Pablo David, la lettre de l’archevêque ne doit pas être comprise comme un appui à la candidature du P. Eddie Panlilio, qui se présente pour le poste de gouverneur. La lettre pastorale a été écrite avant que le P. Panlilio ne prenne sa décision de se présenter devant les électeurs, a assuré Mgr David, qui a rappelé que le prêtre avait été relevé de son ministère sacerdotal avant même l’annonce de sa candidature au poste de gouverneur. « L’Eglise fait campagne pour des principes et nous laissons aux fidèles le soin de décider quel candidat est à même de les défendre », a-t-il ajouté.

Le P. Panlilio, 53 ans, a fait acte de candidature le 28 mars dernier, « attristé » par la décadence morale constatée dans la province et parce que personne n’ose défier les familles politiques en place depuis des décennies. Il se présente face au gouverneur sortant, Mark Lapid, mis en examen pour corruption et détournement de fonds. Un autre candidat est Lilia Pineda, épouse de Rodolfo Pineda, l’un des parrains des jueteng.

L’archidiocèse de San Fernando compte près de deux millions d’habitants, dont 96 % sont catholiques.