Eglises d'Asie – Indonésie
Les responsables des Eglises chrétiennes disent leur opposition à un projet visant à inscrire dans la loi l’Evangile en Papouasie occidentale
Publié le 18/03/2010
L’une des dispositions prévues stipule que « le gouvernement pourra placer des symboles religieux dans les lieux et les bureaux publics » ; l’article 30 interdit « la construction d’un lieu de culte appartenant aux autres religions (que la religion chrétienne) à proximité d’une église ». En Papouasie occidentale, divisée en trois nouvelles entités administratives en 2003 (1), les chrétiens sont majoritaires, les protestants représentant environ la moitié des habitants et les catholiques étant les plus nombreux dans le sud. Manokwari est situé dans la partie nord-ouest.
Sitôt connu, le projet de loi a suscité les réactions négatives des responsables des Eglises chrétiennes. Chez les protestants, Weinata Sairin, secrétaire général de la Communion des Eglises en Indonésie (PGI), a estimé que ce règlement était inacceptable car fondé sur la religion et ne pouvant déboucher que sur de nouvelles discriminations. La veille, un secrétaire de la Conférence des évêques catholiques, le P. Antonius Benny Susetyo, avait déclaré que, « par principe, les évêques indonésiens n’approuvaient pas les textes législatifs fondés sur la religion ». Il ajoutait que le texte en question était contraire à l’esprit de la Constitution de 1945 et du système du pancasila, les cinq principes sur lesquels l’Indonésie indépendante s’est construite.
Concrètement, les Eglises ont appelé au retrait du projet de loi, estimant que si les responsables du district de Manokwari « voulaient répandre les valeurs de l’Evangile, ils pouvaient le faire via les familles, les écoles et les Eglises, sans recourir à une formalisation par un texte officiel qui ne ferait que nuire à la religion ».
Selon le Rév. Sairin, « le texte a été rédigé avec l’intention de faire pendant aux textes inspirés de la charia en vigueur à Aceh », province de l’autre extrémité de l’archipel indonésien où la loi islamique est officiellement appliquée. Or, a-t-il commenté, les provinces ou les districts où les chrétiens prédominent n’ont nul besoin d’imiter ce qui se fait dans des régions où la charia a force de loi.
A Djakarta, Stefanus Agus, directeur du bureau pour les catholiques au ministère des Affaires religieuses, a précisé à l’agence Ucanews qu’il était défavorable à une telle loi en disant : « Il n’est pas nécessaire de recourir à un procédé aussi emphatique pour amener les gens à connaître la foi chrétienne. Connaître la foi chrétienne relève du domaine des Eglises et des actions qu’elles peuvent mener dans les paroisses et les écoles », espérant que l’affaire sera réglée dans la paix et avec sagesse, sans nuire à l’unité nationale.