Eglises d'Asie

Luçon : un prêtre missionnaire indonésien a été abattu le jour des Rameaux

Publié le 18/03/2010




Le 1er avril dernier, dans le nord de Luçon, le P. Fransiskus Madhu, missionnaire indonésien de la Société du Verbe Divin, a été abattu à Lubuagan, province de Kalinga, alors qu’il préparait la messe des Rameaux dans l’école primaire de Mabongtot, village reculé qui ne dispose pas d’église.

« C’est l’assassinat inhumain d’un homme innocent et sans défense », a déclaré Mgr Prudencio Andaya, vicaire apostolique de Tabuk (1), région qui couvre les provinces d’Apayao et de Kalinga (2). Les motifs du crime n’ont toujours pas été élucidés, les informations recueillies étant contradictoires. D’après la police locale, quatre suspects qui détenaient des armes à feu malgré l’interdiction de port d’armes décrétée pendant la période électorale des législatives ont été identifiés. « L’auteur du crime a peut-être été victime d’un conflit tribal et a cherché à se venger », s’est interrogé Mgr Andaya, compte tenu de l’histoire mouvementée de la province qui a essuyé différentes guerres tribales.

D’après le P. Gerardo Gudmalin, prêtre de la région, l’utilisation d’armes dans la province est « peu surprenante » car elle est chose « courante » dans une province reculée où la présence policière est rare. Selon lui, les personnes âgées de Kalinga, qui ont coutume de servir de médiateurs dans les conflits, ont encouragé les témoins de l’assassinat du P. Madhu à déposer leur témoignage, beaucoup d’entre eux ayant « peur de coopérer ».

En Indonésie, « la mort du P. Fransiskus Madhu a provoqué beaucoup d’émoi, non seulement au sein de la congrégation du Verbe Divin, mais aussi chez tous les catholiques de Florès », a déclaré le frère Edel Atalema. En effet, c’est la première fois qu’un prêtre originaire de Florès et envoyé en mission à l’étranger est assassiné. Vingt religieux originaires de Florès ou du Timor occidental voisin servent ou étudient aux Philippines, dont sept dans le nord. D’après ce religieux, « cet incident ne changera pas la politique de la congrégation qui souhaite continuer à envoyer des missionnaires aux Philippines ».

Le P. Madhu, âgé de 30 ans, avait rejoint la Société du Verbe Divin en 1995. En 2004, il avait prononcé ses vœux perpétuels et, un an après, il partait comme missionnaire aux Philippines. Ses parents ont été invités par la communauté religieuse à se rendre dans ce pays pour ses obsèques, mais ces derniers ont décliné l’offre, préférant qu’il soit inhumé en Indonésie. Toutefois, compte tenu des règles en usage dans la congrégation depuis plus d’un siècle, les missionnaires sont enterrés dans leur pays de mission.