Eglises d'Asie

Andrah Pradesh : une caisse d’entraide paroissiale créée pour aider les plus démunis à ensevelir leurs morts dans la dignité élargit son champ d’action

Publié le 18/03/2010




Dans l’Andrah Pradesh, une paroisse qui, il y a trente ans, avait mis en place une caisse d’entraide pour aider les plus démunis à organiser des obsèques décentes à leurs proches, élargit aujourd’hui son champ d’actions. Cette « caisse d’entraide pour les funérailles » a forgé la solidarité de la communauté. Avec le surplus réuni au fil des ans, elle peut désormais aider les malades et pense à mener des actions œcuméniques, ont expliqué des paroissiens.

Le P. Kandula Charles, curé de la paroisse de Sacré-Cœur de Secunderabad, a expliqué à l’agence Ucanews que le premier objectif de cette caisse d’entraide restait d’aider les gens à faire face aux dépenses – qui peuvent être considérables – liées aux obsèques. Il a donné comme exemple le cas de Maria Jeevitha, 27 ans. Son mari est mort en février dernier après quatre mois de maladie, ce qui a plongé sa famille dans une extrême pauvreté. Sans la caisse d’entraide, « il m’aurait été impossible de faire inhumer mon mari », a-t-elle confié. Cette aide n’était pas un geste charitable fait à son égard. Elle avait le droit d’être aidée car, bien que sans emploi, elle avait cotisé à cette caisse d’entraide.

La cotisation mensuelle – de dix roupies (deux centimes d’euro) – est abordable même pour des pauvres comme Maria Jeevitha qui n’ont pas de revenus réguliers. Souscrire à ce fonds de solidarité n’est pas obligatoire, mais la presque totalité des 900 familles (soit 5 200 catholiques) de la paroisse y souscrit, a expliqué le prêtre. Chaque famille, quelle que soit sa taille, représente une part.

Selon le P. Charles, la caisse prend en charge les frais du cercueil, la tombe, les vêtements du défunt et le corbillard, ainsi que la messe des funérailles. L’ensemble représente environ 3 000 roupies – ce qu’un membre du fonds verse en moyenne en vingt-cinq ans. A ce jour, aucun des membres de la caisse d’entraide n’a cotisé durant un quart de siècle, mais, et c’est là le bénéfice d’un processus de mutualisation, souligne le prêtre, ils peuvent néanmoins obtenir de la caisse les 3 000 roupies nécessaires. « C’est une aide précieuse pour les paroissiens sans ressource. Lorsqu’un de leurs proches meurt, ils n’ont pas à chercher partout ce dont ils ont besoin, pas même l’argent pour payer. Le cercueil est confectionné dans le cadre de la paroisse et il est tout de suite disponible », explique-t-il.

 

Tresa Das, 49 ans, femme de ménage, témoigne que la paroisse « s’est occupée de tout » pour le décès de son frère et qu’elle « n’a pas eu de problème ». Cotisant au fonds depuis dix seulement, elle a néanmoins pu assurer des obsèques décentes à son frère aîné.

En moyenne, la caisse paie pour vingt-cinq funérailles chaque année. Les dépenses sont calculées au plus juste. Par exemple, là où un cercueil se vend entre 2 000 et 10 000 roupies, la paroisse en fournit qui ne dépasse pas 1 500 roupies. Le P. Charles précise qu’au cas où les souscripteurs quittent la paroisse, ils peuvent néanmoins rester affiliés à la caisse. De plus, du fait des intérêts générés par le capital accumulé, la caisse est désormais en mesure de diversifier ses activités. Le conseil paroissial vient de décider d’étendre son action à l’aide médicale « aux plus démunis de ses membres », s’est réjoui le P. Charles. La caisse possède en effet une réserve de 250 000 roupies. Elle s’oriente également vers des actions œcuméniques. Depuis cette année, l’adhésion est ouverte à tous les chrétiens de Secunderabad et de Hyderabad (les deux villes sont jumelées). La cotisation des protestants a été fixée à vingt roupies. Aider les gens à échapper aux usuriers, c’est les aider à préserver leur dignité et, via l’adhésion à la caisse, cela permet aussi de renforcer les liens entre paroissiens, commente le P. Charles.

Si le fonctionnement d’une caisse d’entraide semble simple sur le papier, le prêtre met toutefois en garde que ce n’est pas le cas : « Plusieurs paroisses alentour ont essayé, mais ont échoué. » Par exemple, la paroisse Sainte-Marie de Secunderabad, qui compte 1 600 familles, soit 8 250 catholiques, possède elle aussi une caisse d’entraide, mais son curé, le P. Thanugundla Solomon, reconnaît qu’« à peine la moitié des familles versent leur contribution ».