Eglises d'Asie

Le cardinal archevêque de Manille prend la défense des plus pauvres, victimes d’expulsions suite au programme d’embellissement de la capitale

Publié le 18/03/2010




Le 15 avril dernier, après avoir écouté les doléances de douze représentants de milliers de familles expulsées à la suite du programme d’embellissement de la capitale « Metro Guapo » – qui vise à « nettoyer et civiliser » Manille afin de la rendre plus attractive aux touristes et aux investisseurs –, Mgr Gaudencio Rosales, cardinal archevêque de la capitale, a pris la défense des plus pauvres. Critiquant le gouvernement pour son manque de volonté à reloger les familles, il a prévu de demander des explications par écrit à la présidente de la République, d’ici la fin du mois.

Selon Katherine Arquero, qui défend la cause des plus pauvres à Tripa de Gallina Estero, près du canal nauséabond de Manille, les autorités locales (MMDA, Metro Manilla Development Authority) ont expulsé 914 familles qui vivaient dans les bidonvilles proches du canal, sans même les indemniser, obligeant les personnes à se réfugier sous les ponts ou dans des abris de fortune.

Esther Terencio, dont la famille vivait à Makati, au sud-est de Manille, a été expulsée du fait du projet de construction d’une ligne ferroviaire reliant le sud de la capitale, Muntilupa, à Caloocan, au nord. Avec elle, 8 000 familles ont été déplacées à Cabuyao, Laguna, à 40 km de Manille. Etant donné que la plupart de ces familles n’ont pas les moyens de payer les 140 pesos (deux euros) de frais de trans-ports quotidiens pour rejoindre et quitter la capitale (1), ils se retrouvent dans une situation où soit ils abandonnent leur emploi ou leurs études, soit ils doivent payer deux logements, les membres de la famille étant éclatés. A Taguig, ce sont 4 000 autres familles qui sont confrontées aux mêmes problèmes.

Les associations qui viennent en aide à ces milliers de familles expulsées multiplient les démarches auprès des différentes municipalités afin de trouver des sites de relocalisation plus proches de la capitale. Selon l’association Urban Poor Associates (UPA), depuis le projet de développement urbain et d’habitation de 1992, les démolitions récentes sont plus importantes que jamais, des quartiers ayant été rasés sans que les habitants aient pu être relogés décemment. Pourtant, selon la loi, l’Etat est censé fournir « une habitation à un prix raisonnable aux plus déshérités et protéger les squatteurs contre les expulsions forcées ».