Eglises d'Asie – Vietnam
Le président de la Conférence épiscopale du Vietnam fait le point sur la situation de l’Eglise dans son pays
Publié le 18/03/2010
C’est dans la dernière partie de l’interview qu’il a été question du récent procès ayant condamné le P. Nguyên Van Ly ainsi que des reproches adressées, ici et là, à la Conférence épiscopale pour ne pas avoir élevé la voix à cette occasion. La première réaction de Mgr Hoa a été franche et sans détour. Il a déclaré : « La comparution devant un tribunal et l’emprisonnement du P. Ly ou de toute autre personne sont des choses affligeantes (thuong tâm) (2). La photo du prêtre bâillonné exprime par elle-même beaucoup de choses. » Avant de continuer d’exprimer ses sentiments sur cette affaire, l’évêque a tenu à répondre aux reproches qui lui ont été adressés en tant que président de la Conférence épiscopale : « Pour ce qui concerne mon propre cas, beaucoup de personnes savent sans doute que le Saint-Siège avait l’intention de me nommer à Hanoi. En fin de compte, cette nomination n’a pas été acceptée (3), ce qui montre quelle est mon attitude, quelle lutte j’ai dû mener et témoigne de la persévérance avec laquelle j’ai maintenu ma position. »
Après cette parenthèse, Mgr Hoa a développé son commentaire sur l’affaire du P. Ly et sur son engagement. Selon l’évêque, tout le monde a le droit de s’exprimer sur la justice, sur la vérité, sur les intérêts de la société. Mais lorsqu’un prêtre entre dans l’arène politique, il ne peut que semer la division, en s’alliant à certains contre d’autres. Le prêtre doit travailler pour tous et non pas avec un groupe contre un autre. Mgr Hoa a alors rappelé que le P. Ly avait un jour déclaré qu’il obéirait en toutes choses à son évêque, sauf en matière politique.
Avant de s’exprimer sur le procès et l’emprisonnement du P. Ly, l’évêque de Nha Trang avait abordé la question des relations de l’Eglise avec les autorités gouvernementales. Il a fait remarquer qu’elles passaient par le biais des rencontres et des requêtes envoyées chaque année au gouvernement par la Conférence épiscopale. C’est par elles que les évêques ont soulevé la question de la liberté religieuse, ont relevé des problèmes culturels et moraux en rapport avec la jeunesse, avec la justice, avec la vérité. Mgr Hoa a souligné que la Conférence des évêques catholiques a été la seule instance de la société civile vietnamienne osant aborder ouvertement et en toute franchise de tels problèmes avec l’Etat.
L’évêque a énuméré les revendications déjà émises par la Conférence épiscopale auprès de l’Etat, demandant la restitution de l’ancien siège de la délégation apostolique à Hanoi, des terrains confisqués autour du sanctuaire de Notre-Dame de La Vang. Mais la liste n’est pas close et d’autres lieux « empruntés » par l’Etat viendront s’ajouter à cette liste. Pour son propre diocèse de Nha Trang, Mgr Hoa a cité les actions entreprises pour la récupération de la propriété injustement accaparée de la congrégation Saint-Joseph et des terrains de la cathédrale. La requête à ce sujet a été signée par l’évêque lui-même. Le supérieur de la congrégation Saint-Joseph a reçu une délégation du diocèse pour mener à bien la récupération de la propriété appartenant à sa communauté. L’évêque ajoute encore que les évêques ont exprimé des protestations auprès du Bureau des Affaires religieuses contre les violations de la liberté religieuse qui ont eu lieu dans les diocèses de Hung Hoa et de Kontum.
Parmi les soucis de l’Eglise du Vietnam d’aujourd’hui, le président de la Conférence épiscopale a cité en premier lieu la formation non seulement du personnel ecclésiastique mais aussi de toutes les composantes de l’Eglise, les religieux et religieuses, les laïcs, adultes et jeunes. L’évêque a cité l’exemple de son propre diocèse où, tout au long de l’année, se sont succédées les sessions de formation destinées aux prêtres, religieux et religieuses, aux membres des conseils paroissiaux, aux catéchistes, aux jeunes.
Interrogé sur les relations de l’Eglise au Vietnam avec les Eglises d’Asie, Mgr Hoa a affirmé que, désormais, la participation des représentants de l’épiscopat du Vietnam aux grandes assemblées organisées par la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC) était devenue plus facile. Cependant, à l’heure actuelle, l’Eglise du Vietnam n’a pas encore les possibilités matérielles d’accueillir chez elle des assemblées internationales de ce type. C’est pourquoi elle a l’intention de se doter d’un établissement capable d’accueillir les délégations des Eglises voisines et d’abriter leurs débats. Pour le moment, c’est le centre catholique de Huê qui joue ce rôle. Mgr Hoa propose de faire édifier un centre ad hoc à Nha Trang.
En conclusion, Mgr Hoa a incité les communautés catholiques vietnamiennes à l’étranger à se laisser mener, dans le domaine de l’information et de la communication, par la recherche de la vérité et l’esprit de charité.