Eglises d'Asie

Phan Thiêt : la Vierge de Tà Pao, un lieu de pèlerinage marial de plus en plus populaire au Vietnam

Publié le 18/03/2010




Le Vietnam possédait deux centres de pèlerinage marial importants, tous les deux plus que centenaires, le sanctuaire de Notre-Dame de La Vang, dans l’archidiocèse de Huê, dont on situe l’origine à 1798, et celui de Tra Kiêu, dans le diocèse de Quy Nhon, dont l’existence est attestée depuis 1898. Un troisième centre est en train de se développer depuis les dernières années du deuxième millénaire dans le diocèse de Phan Thiêt. Une lettre de l’évêque de ce diocèse, Mgr Paul Nguyên Thanh Hoan, vient d’attirer à nouveau l’attention sur ce lieu de culte marial, en convoquant pour le 13 mai prochain une grande assemblée d’action de grâces sur ce lieu, à l’occasion de l’achèvement d’une première tranche de travaux de restauration entamés au début de l’année. Ces travaux ont été accomplis avec la collaboration des fidèles du diocèse mais aussi des catholiques et de non-catholiques venus de tout le Vietnam.

La statue de la Vierge du mont Tà Pao, dans le district de Tân Linh, province de Binh Thuân, est l’une des cinq statues mariales érigées au Vietnam en 1959 en divers endroits du pays, au sud, au centre et sur les hauts plateaux. Lors de la bénédiction de cette statue de la Vierge par l’évêque de Nha Trang, Mgr Marcel Piquet, le 8 décembre 1959, en présence du président de l’époque, Ngô Dinh Diêm, une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes s’était assemblée, composée en grande partie de réfugiés du Nord-Vietnam, installés au Sud depuis 1954.

Par la suite, de 1964 à 1975, à cause des bouleversements de la guerre, la statue fut délaissée et pratiquement abandonnée. En octobre 1980, un certain nombre de fidèles appartenant à une zone d’économie nouvelle (commune de Duc Tân et commune de Huy Khiêm) renouèrent avec l’habitude de venir prier auprès de la statue de Vierge. En 1989, des fidèles s’étant aperçus que la statue était gravement détériorée entreprirent avec l’autorisation de l’évêque de l’époque, Mgr Nicolas Huynh Van Nghi, les travaux de réparation qui se terminèrent en 1991. Depuis cette date, la statue se dressant sur le sommet de la montagne Tà Pao, est visible et attire les regards. A partir de la fin des années 1990, la foule des pèlerins, de plus en plus nombreux et venant de tout le Vietnam, est venue contempler, prier et invoquer la Vierge. Les récits de grâces accordées par l’intercession de la Vierge de Tà Pao sont aujourd’hui très nombreux et se transmettent de bouche à oreille : retour à la foi, conversion au christianisme, réconciliation familiale, guérison.

Cet afflux de pèlerins à la fin des années 1990 ne manqua pas d’éveiller la suspicion des autorités chargées d’assurer la sécurité de la région. Un article écrit le 25 octobre 1999, dans l’organe des jeunesses communistes, le Thanh Niên, tout en faisant état de la présence quotidienne sur les lieux de foules dont le nombre pouvait atteindre 10 000 personnes, dénonçait les activités suspectes de simulateurs (1). Cette suspicion n’a freiné en rien le développement du pèlerinage et la Vierge de Tà Pao est devenue aujourd’hui le troisième lieu de culte marial du Vietnam.

Grâce aux récents travaux, les pèlerins pourront accéder à la statue de la Vierge qui se tient au sommet d’une élévation de 70 mètres grâce à un escalier, de 237 mètres de long, spécialement aménagé qui grimpe à flanc de montagne et comporte 429 marches.