Eglises d'Asie

Selon un sondage, les catholiques se montrent moins optimistes que par le passé au sujet de l’avenir de l’Eglise catholique dans leur pays

Publié le 18/03/2010




Une majorité des catholiques coréens estime que l’avenir de l’Eglise dans leur pays est « positif », mais, au fil des années, cette majorité va en s’amenuisant. De plus, si la religion catholique semble bien ancrée dans les classes moyennes, un nombre croissant de catholiques indique que la foi et la vie de l’Eglise sont des réalités appartenant à la sphère privée de leur vie. Tels sont les principaux enseignements d’un sondage mené du 1er juillet 2006 au 28 février dernier auprès de 1 457 adultes représentatifs de la population catholique de Corée. Mené par le centre de recherches pastorales de l’archidiocèse de Séoul, le sondage a été publié le 28 mars dernier par l’hebdomadaire de l’archidiocèse de Daegu, à l’occasion de son 80ème anniversaire.

Ce sondage s’inscrit à la suite de deux précédentes études, menées respectivement en 1987 et en 1998, et permet de dégager quelques tendances relatives aux catholiques coréens, un groupe de la population coréenne en forte expansion ces dernières décennies (1).

Ainsi, en 2007, 56,6 % des catholiques interrogés disent que l’Eglise ira « de l’avant » au cours des années à venir. Une majorité donc, mais une majorité de plus en plus faible en comparaison des réponses données en 1998 (67,4 %) et en 1987 (87,8 %). Parallèlement, ceux qui estiment que l’Eglise va « reculer » sont en nombre croissant : 3,2 % en 1987, 12,5 % en 1998 et 19,6 % en 2007. Ceux qui estiment que les choses ne vont pas changer représentent 14,4 % des catholiques et les personnes qui n’ont pas d’opinion sur la question sont 9,4 %.

D’un point de vue sociologique, les auteurs du commentaire sur le sondage écrivent que le catholicisme en Corée du Sud est bien devenu une religion « des classes moyennes ». Ils citent le fait que, dans un pays où un petit tiers de la population d’âge adulte a suivi des études supérieures, les catholiques, pour une moitié d’entre eux (50,5 %), ont fréquenté l’université. Parallèlement, à mesure que le catholicisme a pénétré la société, la pratique religieuse des fidèles est de plus en plus vécue comme une pratique individuelle et cantonnée à la sphère privée. Ainsi, si le sens de la communauté était « très fort » pour 17,5 % des catholiques en 1987, ce pourcentage est tombé à 13 % en 1998 et à 10,9 % en 2007. En 2007, ceux pour qui le sens de la communauté est « relativement fort » ou « moyen » sont, respectivement, 27,7 % et 45,3 %. Ceux qui considèrent que le sens de la communauté est « peu » ou « pas du tout » fort sont 10,7 % et 5,4 %.

Ce constat est renforcé par le fait que le nombre des catholiques qui se disent inactifs dans l’Eglise croît. Pour beaucoup, l’Eglise est juste un centre d’intérêt parmi d’autres, mais ne se situe pas au centre de leur vie, peut-on lire dans l’analyse qui est faite du sondage. Ce qui n’empêche pas 70 % de ces mêmes catholiques d’« être d’accord » avec l’engagement de l’Eglise dans les questions sociales (60 % « d’accord » et 10 % « absolument d’accord »). Mais, là aussi, ces pourcentages vont en diminuant : en 1998, 82,8 % des catholiques étaient « d’accord » – dont 20 % de personnes « absolument d’accord ».

Sur le plan de l’inculturation, le patient travail de l’Eglise à propos des rites dus aux ancêtres porte peu à peu ses fruits (2). Les « rites confucéens traditionnels » conservent toutefois une forte popularité : en 1987, 69,4 % des catholiques pratiquaient ces rites ; ils étaient 56,3 % en 1998 et 54,7 % en 2007. Le rituel recommandé par l’Eglise est pratiqué par 24 % des fidèles et ils sont 13,8 % à choisir la messe pour les défunts, où les rites confucéens sont absents.

Enfin, s’agissant des moyens de communication sociale permettant aux catholiques de se maintenir informés des activités de l’Eglise, l’expansion d’Internet a bouleversé rapidement le paysage. En 1987, 52,5 % des catholiques lisaient au moins un périodique catholique. En 2007, 22,4 % des fidèles seulement conservent un abonnement à l’une ou l’autre de ces publications. La chaîne de télévision de l’archidiocèse de Séoul, Pyeonghwa Cable TV, est regardée par un petit tiers des catholiques et la radio Pyeonghwa FM Radio attire à elle 11,1 % des auditeurs catholiques. Là où les générations adultes ou vieillissantes regardent la télévision, les jeunes se tournent vers Internet : 19 % des catholiques ont pour habitude de fréquenter les sites d’information de l’Eglise.