Eglises d'Asie

Tamil Nadu : l’Eglise catholique se félicite de la décision gouvernementale d’instaurer des quotas pour les minorités chrétienne et musulmane dans la fonction publique et les écoles

Publié le 18/03/2010




Au Tamil Nadu, l’Eglise catholique s’est félicitée de l’annonce faîte par le ministre-président, le 5 avril dernier, d’instaurer des quotas pour les minorités chrétienne et musulmane dans les institutions éducatives et la fonction publique. Muthuvel Karunanidhi a en effet annoncé que son gouvernement, issu du Dravida Munnetra Kazhakam (Front progressiste des dravidiens, DMK), avait accédé à la demande des deux communautés, qui forment, à elles deux, 12 % des 62 millions d’habitants de cet Etat du sud du pays.

« Nous remercions le gouvernement d’initier ce projet de quotas pour la minorité chrétienne », a déclaré Mgr Peter Fernando, archevêque de Madurai, à l’agence Ucanews. Quatre jours plus tôt, une délégation de responsables chrétiens avait rencontré le ministre-président à ce sujet. Pour le jésuite Joe Anthony, le gouvernement a tenu ses promesses électorales de l’an passé, après les demandes répétées des minorités religieuses, depuis plusieurs années. En septembre 2004, des manifestations avaient été organisées à Madurai pour demander des « quotas pour les minorités religieuses ».

La Constitution indienne applique le principe de discrimination positive en faveur des basses castes et des minorités ethniques hindoues, afin de remédier à l’injustice qui leur est faite dès la naissance. Ces groupes se voient garantis certains privilèges : accès gratuit à l’éducation, quotas dans les universités et dans la fonction publique ainsi qu’un nombre déterminé de sièges dans les assemblées législatives. Ces mêmes droits ont été étendus aux dalits – les hors-castes, également appelés « intouchables » – sikhs et bouddhistes, mais pas aux dalits chrétiens (1) ni aux dalits musulmans, au motif que ces deux religions ne reconnaissent pas le système des castes. Plus tard, les gouvernements du Tamil Nadu et d’autres Etats indiens ont étendu le principe de discrimination positive aux minorités ethniques les moins développées, classées juste devant les dalits.

En 1988, lorsque le DMK était au pouvoir, il avait augmenté le quota des places réservées aux basses castes, minorités ethniques et hors-castes à 69 %, dont 50 % étaient réservés aux minorités les moins développées. Une étude gouvernementale récente a montré que près de 80 % des chrétiens et 95 % des musulmans du Tamil Nadu appartiennent aux catégories les moins développées, ce qui leur donne droit de pouvoir bénéficier des principes de discrimination positive.

Selon le P. Xavier Arulraj et d’autres responsables chrétiens, même si chrétiens et musulmans font partie des classes les moins développées, ils ne sont pas représentés de manière équitable dans les institutions éducatives et la fonction publique. Un fait confirmé par une enquête réalisée en 2004-2005 qui indique que le taux de chômage le plus élevé se trouve chez la minorité chrétienne : 8,8 % des chrétiens en milieu urbain sont au chômage, contre 4,4 % des hindous et 4,1 % des musulmans. Le P. Arulraj espère que cette nouvelle loi permettra d’attribuer aux minorités religieuses en question entre 6 et 8 % des quotas réservés aux groupes les moins développés. Pour lui, ce n’est pas une nouvelle demande en faveur des minorités religieuses, mais seulement la volonté de rétablir les privilèges dont ils bénéficiaient, avant que l’Inde ne devienne une république en 1950.

En 1921, l’empire britannique avait en effet instauré le « Communal Government Order of 1921 » qui instaurait des principes de discrimination positive en faveur des chrétiens et des musulmans, en réservant à chaque communauté 16 % des emplois de la fonction publique, mesures qui ont été supprimées en 1950.