Eglises d'Asie – Indonésie
Timor occidental : l’évêque d’Atambua lance un appel pour que les chefs coutumiers reconnaissent aux jeunes célibataires le droit de propriété
Publié le 18/03/2010
Pour l’évêque, il est donc temps qu’un changement intervienne et se fasse rapidement. « Tous les parents devraient reconnaître le droit de propriété à leurs enfants célibataires, par exemple en leur donnant, à elle ou lui, un morceau de terre à cultiver ou des animaux à élever. De plus, les parents doivent donner à leurs enfants une éducation qui leur permette de devenir autonomes (…). En donnant aux jeunes célibataires le droit de propriété, ceux-ci se sentiront plus motivés pour travailler dur, gagner de l’argent pour répondre à leurs besoins personnels et préparer leur avenir », a déclaré l’évêque, ajoutant que les jeunes sont capables et sont en mesure de contribuer au développement économique général.
Durant les échanges qui ont suivi, Paulus Nuju a témoigné que, dans la partie sud du district de Belu, les jeunes célibataires attendaient un changement du système tribal. « Beaucoup de jeunes sont au chômage parce qu’il n’y a pas de travail. Les parents ont suffisamment de terres à cultiver, mais les jeunes savent qu’elles ne leur appartiennent pas. La coutume leur permet, certes, de cultiver la terre, mais ce qui en est tiré appartient aux parents. Et, de fait, bien des jeunes ne veulent pas se casser le dos pour rien », a expliqué ce père de famille de 40 ans. Maria Elisabeth Seul, 46 ans, a confié qu’elle serait contente que les responsables coutumiers prennent sérieusement en considération la demande de l’évêque et change le système. « Dans ma famille, mon mari et moi sommes décidés à faire tout ce qu’il faut pour préparer l’avenir de nos enfants en les envoyant à l’école. Nous avons de la terre et nous ne voyons pas pourquoi nous ne la donnerions pas à nos enfants en toute propriété tant qu’ils sont jeunes et capables de la travailler. »
Paulus Nuju, qui conseille le Groupe des jeunes catholiques (Mudika, selon l’acronyme indonésien) de la paroisse Sainte-Marie de Fatima à Betun, souhaite discuter de l’appel de l’évêque avec les habitants de la paroisse. « Nous inviterons les responsables coutumiers locaux à venir parler avec nous de ce problème du droit de propriété. J’espère que les chefs coutumiers changeront leur manière de penser, eux qui sont très attachés aux coutumes. »
Gaspar Ulu, un de ces chefs coutumiers présents à cette récollection, a déclaré que, personnellement, il était d’accord avec son évêque. « J’apprécie la proposition de Mgr Pain Ratu de changer notre système social traditionnel pour le bien de tous. Mais j’ai peur que cet appel ne soit pas compris parce que, pour beaucoup de chefs coutumiers, le système traditionnel quant au droit de propriété est un héritage culturel reçu de nos ancêtres et intouchable. » En outre, a-t-il ajouté, « il y a une croyance qui dit que celui qui viole ou change cet héritage culturel ancestral tombe malade ou meurt ».