Eglises d'Asie

A Séoul, capitale de la Corée du Sud, l’Eglise catholique a célébré le 80e anniversaire de l’érection du diocèse de Pyongyang, capitale de la Corée du Nord

Publié le 18/03/2010




Le 18 mars dernier, le cardinal archevêque de Séoul, Mgr Nicholas Cheong Jin-suk, a présidé une messe pour célébrer le 80e anniversaire de l’érection du diocèse de Pyongyang. « Cette messe aurait dû être célébrée à Pyongyang, mais cela est impossible. J’exprime le souhait de dire la messe là-bas avec des catholiques dans un avenir proche », a dit le cardinal dans son homélie prononcée dans la cathédrale de Myeongdong (Myongdong) de Séoul. Mgr Cheong a ajouté qu’il espérait que cet anniversaire contribuerait à amener les catholiques sud-coréens à s’intéresser toujours davantage à la Corée du Nord et à leurs frères dans la foi dont on ne sait pratiquement rien. « Nous devons prier intensément pour nos frères en Corée du Nord, sachant qu’après la division de la péninsule, au Nord il y a eu un silence de la foi », a précisé le cardinal-archevêque qui a aussile titre d’administrateur apostolique du diocèse de Pyongyang.

Erigé le 17 mars 1927 après partition de l’archidiocèse de Séoul, la préfecture apostolique de Pyongyang comprend la ville de Pyongyang et les provinces de Pyongannam-do et Pyonganbuk-do. Avant le déclenchement de la guerre de Corée (1950-1953), la préfecture apostolique avait été élevée au rang de vicariat apostolique et comptait, en 1950, 28 700 fidèles, répartis en quinze paroisses sous la juridiction d’un évêque et de quinze prêtres. Nommé à sa tête en 1943, Mgr Francis Hong Yong-ho fut arrêté par les communistes en 1949 et, entre 1949 et 1950, quasiment tous les prêtres et les reli-gieuses qui étaient restés au Nord disparurent, exécutés ou décédés lors de « marches de la mort » (1).

Lors de la messe du 18 mars dernier, parmi les quelque 2 000 fidèles présents, se trouvaient deux cents catholiques originaires du Nord ayant trouvé refuge au Sud à la fin des années 1940 ou lors de la guerre de Corée. Certains d’entre eux ont créé une association, l’Association catholique de Pyongyang, pour entretenir la mémoire de leur Eglise disparue. Son président, Matthias Ko Won-ik, 79 ans, explique que la génération des réfugiés s’éteint peu à peu. L’association ne compte qu’une cinquantaine de membres âgés, ayant pour la plupart plus de 80 ans. « Avant que nous soyons tous morts, nous devrions aller au Nord et identifier les sites qui appartenaient à l’Eglise », précise cet homme qui a fui au Sud en 1947 en compagnie de son frère aîné et qui n’a jamais eu, depuis, de nouvelles de ses parents et d’un frère cadet.

Pour ce qui touche aux prêtres originaires du Nord, une association similaire a été créée, l’Association des prêtres diocésains de Pyongyang. Elle compte une vingtaine de membres âgés, prêtres du Nord ou séminaristes ayant étudié au Nord avant leur fuite au Sud, et une dizaine de plus jeunes membres dont les parents sont originaires du Nord. Là aussi, les regards sont tournés vers le Nord mais les esprits sont lucides quant à l’impossibilité actuelle d’entreprendre quoi que ce soit à Pyongyang pour y rebâtir l’Eglise. Le P. Jerome Chang Keung-sun, secrétaire de l’association, souligne qu’aucune célébration n’a été organisée à Pyongyang pour ce 80e anniversaire.

Pour l’heure, ainsi que l’a rappelé le nonce apostolique en Corée du Sud, Mgr Emil Paul Tscherrig, outre la prière pour « les frères et sœurs nord-coréens », les catholiques au Sud sont appelés « à se montrer solidaires » envers les Nord-Coréens par « des actes concrets de charité ». Du 27 au 31 mars, une délégation de dix personnes de Caritas Internationalis a ainsi été emmenée en Corée du Nord par Mgr Lazarus You Heung-sik, évêque de Daejeon et président de Caritas Corea, et un accord a été signé avec les autorités locales pour poursuivre et étendre l’aide apportée par l’organisation catholique dans les domaines médicaux et agro-alimentaires. Entre 1995 et 2005, l’aide fournie par Caritas Internationalis à la Corée du Nord s’est élevée à 32 millions de dollars américains. En 2006, aucune aide n’a toutefois été accordée, conséquence de ce que les responsables de la Caritas désignent par « la fatigue » des donateurs (2).