Eglises d'Asie

Arrivés en mai 2003 dans une région isolée du pays, les premiers missionnaires catholiques vietnamiens n’ont pas eu la vie facile

Publié le 18/03/2010




Quand les deux premiers jésuites vietnamiens sont arrivés à Audian, un village isolé de la partie sud-ouest du Timor-Oriental, la saison des pluies était bien avancée et ils n’ont rien trouvé pour s’abriter qu’une minuscule cabane couverte de hautes herbes coupées à la machette. C’était en mai 2003 et le P. Joseph Nguyen Thanh Phuong et le Frère Thasseus Dung Tha foulaient pour la première fois le sol de cette terre où ils étaient envoyés en mission. « J’ai construit une petite hutte faite de grosses herbes, raconte le P. Phuong, 48 ans, à l’agence Ucanews. Il n’y avait pas d’autre endroit pour se tenir, ni église, ni chapelle. » Les gens du village vivaient dans des cabanes recouvertes de tôle ondulée ou de palmes tressées. La plupart, des paysans, cultivaient du riz, du maïs et élevaient quelques poules et des chèvres.
En 2006, un troisième jésuite vietnamien, le P. Truong Van Phuc, a emprunté les routes défoncées qui mènent à Audian, dans le district de Covalima, à 120 km au sud-ouest de Dili. Comme ses deux prédécesseurs, il s’est mis à l’étude du tetum, l’idiome local. D’après le recensement national de 2004, le district compte 53 063 habitants, dont 32 000 sont catholiques, les autres étant animistes.

 

C’est à la suite du référendum de 1999 et de l’accession chaotique du Timor-Oriental à l’indépendan-ce (1) que les jésuites, via le Jesuit Refugee Service (JRS), sont venus en aide aux Timorais de l’Est, réfugiés au Timor occidental puis revenus dans leur pays. Rapidement, le JRS a reçu pour mission de se préoccuper de la scolarisation des jeunes, une priorité dans un pays à la très forte natalité et où les infrastructures éducatives ont été réduites à néant lors du retrait de l’Indonésie. En 2003, cette tâche a été confiée aux jésuites vietnamiens, qui, une fois sur place, ont estimé que la priorité était de commencer par le développement d’une éducation informelle, tant les infrastructures scolaires étaient inexistantes.

Selon le ministère est-timorais de l’Education, 60 % du million d’habitants que compte ce pays sont analphabètes. Les écoles n’ayant pas toutes été reconstruites ou dotées en matériel et en enseignants, la situation est critique. Le P. Phuc témoigne que, souvent, les villageois n’envoient pas leurs enfants à l’école car celle-ci est trop éloignée de leur domicile. Il n’est pas rare que les enfants, dès leur plus jeune âge, aient à marcher dix kilomètres pour rejoindre une école. Dans ce contexte, « nous avons bâti une école informelle pour apprendre aux enfants et à leurs parents à lire et à écrire », explique-t-il. Les villageois les ont aidés à bâtir l’école et les missionnaires se sont mis à chercher des enseignants volontaires.

Selon Victor Casa, 35 ans, animateur de groupes catholiques dans le village de Laen Tolu, les habitants sont « très reconnaissants aux missionnaires vietnamiens pour tout ce qu’ils font ». A côté de la petite école, les missionnaires cultivent 2,5 hectares de maïs, dont la récolte est partagée avec des familles pauvres et les orphelins. « Pour les aider, explique le P. Phuc, je me dois de travailler comme le font les paysans. »