Eglises d'Asie

Au sein d’une délégation interreligieuse, des prêtres catholiques sud-coréens se sont rendus en Corée du Nord, mais n’y ont pas célébré la messe

Publié le 18/03/2010




Du 5 au 8 mai dernier, une délégation de la Conférence coréenne pour la religion et la paix (KCRP) a séjourné à Pyongyang, en Corée du Nord, pour marquer le dixième anniversaire de la première rencontre interreligieuse organisée avec l’Association religieuse coréenne (KCR), une organisation nord-coréenne (1). Forte de 42 membres, la délégation sud-coréenne comprenait des représentants du bouddhisme, du catholicisme, du protestantisme, du confucianisme, de la religion Chondo-gyo et du bouddhisme Won. James Byun Jin-heung, secrétaire général de la KCRP, a expliqué qu’« après la première rencontre de 1997, les échanges ont continué (avec la KCR) et, par l’envoi d’aides humanitaires, ceux-ci ont permis à chacune de nos religions de soutenir ceux qui se réclament de nos religions dans le Nord communiste ».

Le responsable sud-coréen a rappelé que la première rencontre a eu lieu à Pékin, le 30 mai 1997, l’objet de la rencontre étant l’aide en denrées alimentaires qui pouvait être apportée aux Nord-Coréens. Il a évoqué la première visite d’une délégation de la KCRP au Nord, au mois de novembre 1998. Puis le voyage d’une centaine de Nord-Coréens à Séoul en 2003, où, pour la première fois, des catholiques nord-coréens purent assister à la messe et recevoir la communion à la cathédrale de Séoul.

Pour cette visite à Pyongyang, les délégués sud-coréens ont pu, cette fois-ci, se rendre dans les lieux de culte de différentes religions. Ainsi, les protestants, emmenés par l’évêque anglican de Séoul, Mgr Francis Park Kyung-jo, ont pris part à un service religieux à l’église Chilgol, tandis que les bouddhistes se rendaient au temple bouddhique de Kwangbopsa. Tous se sont retrouvés pour une visite à l’église orthodoxe de Jongbaek, située au cœur de Pyongyang et achevée de construire le 13 août 2006. Ils ont pu rencontrer les deux popes nord-coréens désormais installés auprès de cette église, après avoir été ordonnés en Russie (2).

Parmi les délégués catholiques figurait le P. Peter Pai Young-ho, secrétaire exécutif de la Conférence des évêques (sud-) coréens. Il a témoigné de « la joie indescriptible » ressentie après avoir pu rencontrer des catholiques nord-coréens, ainsi que de la peine vécue du fait de ne pas avoir pu célébrer la messe. Une seule église catholique, celle de Changchung, existe à Pyongyang et, si la presse des milieux nord-coréens du Japon évoque l’existence de 3 000 catholiques en Corée du Nord (3), très peu d’information existe au sujet de ces catholiques. Aucun prêtre catholique n’exerce son ministère dans ce pays et les évêques sud-coréens ont donné comme consigne aux prêtres en visite en Corée du Nord de s’abstenir d’y célébrer la messe de manière à éviter le risque de devoir distribuer la communion à des Nord-Coréens qui pourraient ne pas être catholiques. « Les catholiques nord-coréens que j’ai rencontré connaissent ces consignes. Ils en étaient désolés et paraissaient blessés dans leur honneur », a témoigné le P. Peter Pai. Le dimanche 6 mai, à l’église de Changchung, les neuf catholiques de la délégation sud-coréenne ont donc célébré un simple service de la Parole, devant une assemblée d’environ deux cents Nord-Coréens.

A ses interlocuteurs nord-coréens, après la visite de l’église orthodoxe, le P. Peter Pai a évoqué la perspective pour un prêtre catholique de résider à Pyongyang. « Cela serait difficile », lui a-t-il été répondu.