Eglises d'Asie – Inde
Des attaques contre des pasteurs chrétiens dans les Etats du Maharashtra et du Rajasthan ont été diffusées à la télévision
Publié le 18/03/2010
Le 29 avril dernier, à Jaipur, capitale du Rajasthan, le pasteur Walter Massey, originaire du Pendjab, était roué de coups, devant sa femme et ses enfants, par des hommes masqués, armés de barres de fer et de bâtons. Selon son épouse, une douzaine de jeunes, âgés de 16 à 22 ans, sont entrés chez eux pour attaquer son mari et saccager leur maison. Le lendemain, la police arrêtait une poignée de personnes.
Un communiqué commun de l’All India Catholic Union (AICU), de l’All India Christian Council et de l’United Christian Action déclarait que le pasteur avait été attaqué pour avoir commis « le crime » d’avoir voulu « essayer de développer des services éducatifs » dans une des régions les plus pauvres du pays et que ces « images ensanglantées » avaient « certainement » traumatisé le monde civilisé. Selon John Dayal, président de l’AICU, l’attaque a été perpétrée par des fondamentalistes hindous. Il accuse le gouvernement de l’Etat d’avoir « abdiqué » ses responsabilités aux extrémistes hindous, l’Etat étant gouverné par le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP), soutenu par l’extrê-me droite. Plusieurs manifestations ont par la suite été organisées pour protester contre ces violences.
Le 7 mai dernier, dans l’Etat du Maharashtra, à Ichalkaranji, des chaînes de télévision indiennes diffu-saient une vidéo où deux pasteurs, « accusés d’avoir baptisé malhonnêtement » des familles, étaient battus et frappés par une dizaine d’assaillants. La police a, par la suite, arrêté puis relâché onze person-nes. D’après les premières enquêtes, les attaquants sont membres du Bajrang Dal (‘Parti du fort et du vaillant’), coutumier des attaques antichrétiennes (1), et du Shiv Sena (‘l’Armée de Shiva’) (2). Un tribunal local a, quant à lui, placé les deux pasteurs blessés en détention provisoire jusqu’au 11 mai, du fait des plaintes des extrémistes hindous qui accusent les deux victimes de « conversions forcées ».
D’après Abraham Mathai, vice-président de la Commission pour les minorités de l’Etat du Maharashtra, cette attaque a été « montée de toutes pièces » puisque des médias étaient présents lors de l’incident. Pour lui, il est « triste » que la police ait incarcéré les victimes sur « simples déclarations des assaillants ». « Nous sommes consternés car les responsables de ces attaques ont été remis en liberté. Parce que les chrétiens ne ripostent pas, d’autres en profitent », a déclaré Dolphy D’Souza, président de Bombay Catholic Sabha, qui s’est dit déçu de la rencontre organisée avec le ministre-président, le 8 mai dernier, celui ayant traité l’incident comme un problème classique de sécurité.