Eglises d'Asie

Goa : l’Eglise catholique se mobilise contre la corruption dans le milieu politique

Publié le 18/03/2010




En vue des élections législatives dans l’Etat de Goa, le 2 juin prochain, et de la clôture des dépôts de candidature, la deuxième semaine de mai, l’Eglise catholique se mobilise pour lutter contre les partis politiques qui ont choisi des candidats corrompus, sous prétexte qu’ils ont « davantage de chances » de remporter un siège à la chambre basse de l’Etat.

Le Conseil pour la justice sociale et la paix de l’archidiocèse de Goa (CSJP) a publié un livret, distribué dans les paroisses ainsi que dans différents lieux publics. Il demande, entre autres, que les candidats des partis politiques soient proposés et nommés de manière consensuelle, sans être systématiquement « mis au rebut » lorsque leurs probabilités de remporter les élections sont moindres. Le vote des chrétiens – ils forment 27 % des 1,3 million d’habitants de l’Etat – représente un poids électoral considérable, voire décisif, pour les partis politiques.

Selon le P. Maverick Fernandes, secrétaire du CSJP, l’Eglise catholique se préoccupe de « la richesse issue de la corruption, fréquemment utilisée pour gagner les élections ». Rappelant que durant ces cinq dernières années, Goa a eu deux gouvernements différents, il explique que le livret, publié en anglais, en konkani et en marathi, intitulé : « La situation sociopolitique à Goa… Réflexions…Actions », demande aux citoyens de s’assurer que leur choix pour un candidat n’est pas fait en fonction de son appartenance religieuse, sa caste ou de son statut social, mais parce qu’il est honnête, compétent, digne de confiance et qu’il joue la transparence.

Le livret demande également aux militants des partis politiques de faire pression sur leurs responsables pour que le choix de leurs candidats aux élections soit fait en fonction de ces critères. Selon le P. Fernandes, le système actuel est un « cercle vicieux » car « seuls les riches sont élus, puisqu’ils ont les moyens d’acheter les bulletins de vote ».

L’Eglise catholique a également organisé des manifestations. Cela a été le cas des salésiens, le 2 mai dernier, dans le village de Taleigao, près de Panaji, capitale de l’Etat. Un médecin, militant politique, a rappelé que certains hommes politiques de l’Etat sont réélus depuis une trentaine d’années. Selon le commentateur politique Vithaldas Hegde, cette situation est possible car les circonscriptions électorales à Goa comptent en moyenne 15 000 inscrits. S’assurer du vote de quelque 7 000 électeurs permet ainsi d’être certain de la victoire, puisque le reste des suffrages sera réparti entre les autres candidats. D’après la circulaire du CSJP, ces dernières années, les députés ont développé différentes tentatives de division de la population, notamment en fonction de leur appartenance religieuse.

Afin de renverser cette tendance, le CSJP demande également aux citoyens de bien vérifier leur inscription sur les listes électorales, ces dernières pouvant être manipulées. Ainsi, le nom du P. Pratap Naik et celui de ses collaborateurs ont été retirés de la liste électorale en avril dernier, et il a dû batailler ferme pour que tous soient réinscrits. « Ce n’est pas la première fois que les noms de religieux ou de personnes en lien avec l’Eglise sont supprimés des listes électorales, a déclaré le prêtre jésuite à l’agence Ucanews. Par le passé, les noms des personnes résidant dans la maison de Mère Teresa avaient été supprimés. »

 

Le P. Antimo Gomes, curé de la paroisse Notre-Dame de l’Immaculée Conception, à Panaji, a quant à lui remporté « la première manche de la bataille », en obtenant que « les noms des paroissiens qui avaient été supprimés des listes soient tous réinscrits ». Pour le P. Eremito Rebelo, l’Eglise catholique « fait un très bon travail » en se mobilisant contre la corruption du monde politique, même s’il regrette qu’elle ne s’y soit pas investie plutôt. A présent, « des hindous viennent me féliciter de l’initiative courageuse de l’Eglise catholique », a-t-il conclu.