Eglises d'Asie

La Commission américaine pour la liberté religieuse dans le monde propose d’inscrire à nouveau le Vietnam sur la liste des pays « préoccupants en matière de liberté religieuse »

Publié le 18/03/2010




En novembre dernier, peu avant la visite du président Bush à Hanoi, le Vietnam avait été retiré de la liste des pays « préoccupants en matière de liberté religieuse », liste établie par le département d’Etat sur proposition de la Commission pour la liberté religieuse dans le monde (1). Le 2 mai dernier, à l’occasion de son rapport annuel, cette même commission a recommandé à la secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice de placer à nouveau le nom du Vietnam sur la « liste noire » des pays ne respectant pas la liberté religieuse. Les raisons justifiant ce revirement de la commission sont au nombre de deux : la détérioration de la situation des droits de l’homme et les atteintes ainsi que les limites apportées à l’exercice de la liberté religieuse. Il convient de noter qu’au mois de novembre dernier, lors du retrait du Vietnam de la liste, la commission avait émis publiquement un certain nombre de réserves, tout en admettant que certains progrès avaient été accomplis. Dans le récent rapport présenté au département d’Etat, la commission a proposé que dix autres pays figurent aussi sur la même liste.

Cette décision a fait réagir les autorités vietnamiennes au plus haut niveau. Le 7 mai dernier, l’Agence vietnamienne d’information citait les propos prononcés par le président Nguyên Minh Triêt alors qu’il recevait le vénérable Thich Nhât Hanh, un religieux bouddhiste renommé vivant en France, qui était en visite pour plusieurs mois dans son pays d’origine. Le chef de l’Etat vietnamien a déclaré que « la religion et la croyance sont des besoins spirituels faisant partie de (notre) peuple ». Se référant à l’actuelle idéologie du socialisme vietnamien, il a ajouté que les religions « participent intégralement à la construction du processus socialiste ».

C’est le 15 septembre 2004 que le secrétaire d’Etat Colin L. Powell avait annoncé que le Vietnam était classé pour la première fois dans la liste des pays « particulièrement préoccupants en matière religieuse » « pour de nombreuses violations de la liberté religieuse ». Selon le décret de 1998 établissant la Commission de la liberté religieuse dans le monde, les Etats-Unis doivent imposer des sanctions d’ordre économique et diplomatique à l’encontre des pays ainsi désignés.

Depuis quelque temps déjà, de nombreuses associations des droits de l’homme ainsi que des parlementaires de divers pays avaient dénoncé la campagne de répression menée par les autorités vietnamiennes, au lendemain de l’adhésion du pays à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à l’encontre d’une opposition intérieure naissante, essayant d’élargir le domaine de la liberté d’expression et de se libérer du monopole de l’exercice du pouvoir par le Parti communiste. Cette campagne a récemment atteint son paroxysme, avec le retentissant procès du P. Nguyên Van Ly et de trois militants démocrates au mois de mars dernier (2), et les trois procès de dissidents qui ont eu lieu le 10, le 11 et le 15 mai, où tous les inculpés ont été condamnés à des peines de prison ferme.