Eglises d'Asie – Vietnam
Les dirigeants d’un mouvement de jeunesse animé par l’Eglise bouddhique unifiée sont l’objet de menaces constantes de la part de la police
Publié le 18/03/2010
Dans le passé, les autorités ont tenté diverses manœuvres. En 1997, à l’issue d’une réunion patronnée par l’Etat, décision avait été prise de transférer à l’Eglise bouddhique d’Etat, le personnel et les infrastructures matérielles du mouvement de jeunesse bouddhiste, placés jusque-là sous l’autorité de l’Eglise bouddhique unifiée. Cependant, les dirigeants de cette Eglise n’ont pas cédé et ont nommé, en novembre dernier, un responsable laïc pour coordonner la « famille bouddhiste » dans tout le pays. Pour réduire cette résistance, les autorités utilisent aujourd’hui une double tactique à l’égard du mouvement resté fidèle à l’Eglise bouddhiste unifiée. D’une part, la police fait pression sur les chefs de groupes avec des menaces et des mesures discriminatoires ; d’autre part, elle essaye de corrompre le mouvement en y introduisant des éléments chargés d’y semer la division et le trouble.
Les persécutions policières s’exercent plus particulièrement sur le responsable en chef du mouvement, Lê Công Câu, nommé à ce poste le 25 novembre 2006 par les dirigeants du bouddhisme unifié. Depuis cette date, il est l’objet d’une attention spéciale de la police qui l’a convoqué à de très nombreuses reprises pour des interrogatoires et l’accuse d’activités illégales. Il lui est notamment reproché d’adhérer, lui et son mouvement, à l’Eglise bouddhique unifiée, qui, selon la police, est l’alliée des forces réactionnaires opposées au pouvoir socialiste.
Le mouvement « la famille bouddhiste » a été fondé il y a plus de soixante ans. Son objectif est d’éduquer la jeunesse et lui permettre d’apporter sa contribution à l’édification de la société dans un esprit de compassion bouddhiste. Avant 1975, ses effectifs ont approché du demi-million. Après le changement de régime, durant une longue période, le mouvement a dû cesser toute activité. Cependant, à la fin des années 1980, grâce aux efforts des chefs de groupe, le mouvement s’est peu à peu reformé, non sans que les autorités ne s’y opposent. Au milieu des années 1990, la police a fait pression sur le mouvement pour qu’il s’intègre aux « jeunesses communistes de Hô Chi Minh ». La tentative ayant échoué, une autre manœuvre a été tentée. Le Bureau des Affaires religieuses du gouvernement a créé un mouvement parallèle, appelé « hommes et femmes bouddhistes », mouvement destiné à attirer les adeptes de la famille bouddhiste en son sein. Mais ce nouveau mouvement n’a pas réussi pas à se développer. Plus tard, en novembre 1997, a eu lieu une réunion patronnée par un haut dirigeant de l’Eglise bouddhique d’Etat, à laquelle participaient des membres du Bureau des Affaires religieuses et quatre chefs de groupe de la famille bouddhiste. Il y fut décrété que « la famille bouddhiste » était désormais placée sous l’autorité de l’Eglise bouddhique du Vietnam (Eglise patronnée par l’Etat).