Eglises d'Asie

Elu président, José Ramos-Horta souligne sa volonté d’entretenir des liens étroits avec l’Eglise catholique

Publié le 18/03/2010




Pour la cérémonie d’installation au poste de président du Timor-Oriental, José Ramos-Horta avait troqué le T-shirt arboré durant la campagne électorale et sur lequel figurait en grosses lettres le nom de « Jésus » pour un plus classique costume sombre. Le 20 mai dernier, à Dili, il s’est toutefois engagé à travailler en étroite collaboration avec l’Eglise catholique pour le bien commun des Est-Timorais. « Comme nous le savons tous, a-t-il notamment déclaré, l’Eglise catholique est avec le peuple de ce pays depuis des siècles. Elle y défend la formation de la personne et fait partie de notre culture. »

Co-lauréat avec Mgr Belo, évêque à l’époque de Dili, du prix Nobel de la paix 1996, José Ramos-Horta, 57 ans, a donc quitté le poste de Premier ministre qu’il occupait par intérim pour être élu, au second tour, le 9 mai dernier, par 69 % des suffrages. Des électeurs qui s’étaient déplacés massivement (80 % de participation) pour choisir entre lui et Francisco ‘Lu Olo’ Guterres, figure de proue du Fretilin (Front révolutionnaire pour l’indépendance du Timor-Oriental), qui a obtenu 31 % des voix.

Dans son discours d’investiture, celui qui a été élu pour cinq ans à la tête du pays à un poste largement honorifique et sans grand pouvoir a rappelé qu’à de nombreuses reprises, durant la campagne électorale, il avait dit aux Est-Timorais : « J’ai trois leaders : notre pape à Rome et nos deux évêques », Mgr Basilio do Nascimento, évêque de Baucau, et Mgr Alberto Ricardo da Silva, évêque de Dili. Il a aussi appelé au retour à la paix, dans ce pays très majoritairement catholique et dont la population vient de vivre plusieurs mois de violences entre factions rivales (1), des violences qui ont dégénéré en guerre des gangs et qui ont encore fait un mort et plusieurs blessés lors des heurts qui se sont produit quelques heures après la cérémonie d’installation du nouveau président.

Les deux évêques de l’Eglise catholique au Timor-Oriental ont assisté à la cérémonie. Ils ont félicité le président pour son élection et lancé un appel pour un retour rapide à la paix. « L’Eglise catholique collaborera avec lui (le nouveau président) pour développer ce pays », a par ailleurs déclaré Mgr da Silva, qui a invité la population à faire que les élections législatives, prévues le 30 juin, se déroulent dans le calme qui a caractérisé les opérations de vote pour la présidentielle. Pour sa part, Mgr do Nascimento s’est dit confiant dans les qualités de diplomate du nouveau président pour un retour rapide au calme.

Selon le P. José Filipe, de la Commission ‘Justice et Paix’ du diocèse de Dili, on peut s’attendre à ce que les relations de l’Eglise avec le nouveau président soient effectivement faciles, mais l’essentiel du pouvoir étant entre les mains du Premier ministre, c’est avec ce dernier que l’essentiel se jouera. Le prêtre a rappelé que, lorsque Mari Alkatiri était Premier ministre, les relations entre le gouvernement et l’Eglise n’ont pas été « harmonieuses ». L’un des enjeux des élections du 30 juin sera de déterminer le poids politique du Fretilin et celui du parti de l’ancien président et héros de l’indépendance, ‘Xanana’ Gusmao.

Selon les médias locaux, tout au long de la campagne pour les présidentielles, José Ramos-Horta s’est montré soucieux de s’afficher aux côtés de l’Eglise catholique. Une affiche de campagne le montrait en compagnie de l’évêque de Dili et il se dit qu’il aurait promis d’allouer chaque année à l’Eglise une somme de dix millions de dollars américains. Le 23 mai, il a rendu visite à Mgr da Silva en son évêché de Dili et, le 26 mai, à Mgr do Nascimento en son évêché de Baucau.