Eglises d'Asie

Le tribunal populaire de Dông Thâp condamne à la prison quatre fidèles hoa hao pour troubles à l’ordre public

Publié le 18/03/2010




La presse officielle vietnamienne a fait état d’un procès public qui s’est déroulé devant le tribunal populaire de la province de Dông Thâp, le 3 mai dernier. Quatre adeptes du bouddhisme hoa hao y ont été jugés et condamnés à des peines allant de quatre à six ans de prison pour troubles à l’ordre public dans la commune de Tân Hoa, district de Lai Vung. Les faits rapportés par l’accusation remontaient au mois de mai de l’année dernière. Les quatre inculpés, alors qu’ils se rendaient à une cérémonie d’anniversaire, se seraient heurtés à un groupe d’inconnus. Dans l’impossibilité de continuer leur route, ils sont revenus chez eux, persuadés que c’était la police qui leur avait barré le chemin. Ils entamèrent alors une grève de la faim et firent monter la pression en interpellant les autorités gouvernementales par haut-parleur. Ces actions provocatrices se prolongèrent pendant plusieurs jours, malgré les tentatives de conciliation du gouvernement et les ordres de dispersion.

Une version quelque peu différente des faits a été rapportée à Radio Free Asia par un responsable hoa hao de la province de Dông Thap. Selon lui, en réalité, le groupe des fidèles hoa hao, lorsqu’ils se sont heurtés à la police, venaient d’assister aux cérémonies d’anniversaire d’un de leurs coreligionnaires décédé quelque temps après être sorti de prison. Ils étaient en chemin pour rendre visite à la famille de Trân Van Hut, un fidèle hoa hao qui s’est immolé par le feu en août 2005, pour protester contre la persécution religieuse (1). Le groupe de policiers, en uniforme et en civil, qui leur a interdit la route, les a aussi frappés violemment.

Cette brutalité policière les a conduits à entamer une grève de la faim et à faire entendre publiquement leur protestation. Les grévistes installés devant la maison d’un de leurs dirigeants ont déployé deux banderoles, l’une protestant contre l’agression dont ils ont été victimes, l’autre contre l’interdiction gouvernementale de célébrer l’anniversaire de l’assassinat du fondateur de la religion, Huynh Phu So (2).

Le bouddhisme hoa hao a été fondé dans les années 1930 par le bonze Huynh Phu So. Il a rapidement séduit les populations du delta du Mékong par la foi personnelle qu’il suscite chez ses fidèles et la simplicité de son culte qui n’exige aucun temple particulier. Avant la mise en place du régime communiste en 1975, il a joué un rôle important dans la vie politique du Sud-Vietnam. Après avoir fait alliance avec le Vietminh au début de la guerre d’indépendance, les responsables religieux hoa hao s’en séparèrent avec fracas pour rejoindre le camp français après l’assassinat du fondateur en avril 1947, assassinat attribué par eux aux forces communistes. Après avril 1975, le bouddhisme hoa hao fut totalement interdit et survécut dans la clandestinité jusqu’en 1999, date où le gouvernement procéda à la reconnaissance de cette religion et plaça à sa tête un Comité choisi par lui. Le groupe d’anciens responsables, animés par l’ancien dirigeant suprême Lê Quang Liêm, ayant refusé ce patronage gouvernemental, s’est rassemblé dans un autre comité dit Comité d’administration du bouddhisme hoa hao « thuân thuy » (‘pur, authentique’). Depuis 1999, leur histoire est marquée par une suite de conflits violents avec les autorités civiles, illustrée par des manifestations, grèves de la faim, arrestations, brutalités policières, immolations par le feu. Selon le Bureau des Affaires religieuses, le nombre des bouddhistes hoa hao s’approche du million et demi. Il est sans doute plus élevé.