Eglises d'Asie

Pour un séminariste étranger, étudier la théologie en coréen relève d’une « course de fond »

Publié le 18/03/2010




Les séminaristes étrangers venus en Corée du Sud ces dernières années étudier la théologie ont découvert que l’assimilation de la langue coréenne représentait un réel défi. « La langue coréenne est vraiment difficile à apprendre. Pour moi, les lettres de l’alphabet ressemblent presque toutes à des petites maisons. C’est très déroutant », avoue le bangladais Enbert Komol Khan : « Au Bangladesh, pendant les cours, j’étais très actif. Je posais des questions et nous échangions nos idées. Ici, je suis sourd et muet et je m’inquiète de mon niveau en théologie. » Son compatriote, Lawrence Gabriel Tripura se lamente : « Parfois, il me faut trois heures pour lire une seule page en coréen. Si je consulte le dictionnaire coréen-anglais, je vois que chaque mot ou presque a plusieurs sens. » Les deux séminaristes bangladais sont venus en Corée du Sud en 2006. Après une année d’apprentissage de la langue à l’université Sogang de Séoul, en mars dernier, ils sont entrés au grand séminaire en troisième année.

Vietnamien, Joseph Vu Thanh Tuan est quant à lui arrivé en Corée avec un autre séminariste en 2006, mais son compagnon est rentré au Vietnam au bout de quelques mois. « Il ne pouvait pas s’adapter au climat et à la langue coréenne. Moi-même, je prie pour réussir à tenir encore quelques années en Corée. » A 27 ans, il entre en première année de séminaire (1).

Les deux séminaristes chinois venus de Pékin traversent eux aussi une passe difficile, reconnaît Bruno Lee Jeong-soo, vice-supérieur du séminaire, parce qu’ils n’ont eu que six mois d’apprentissage de la langue coréenne. « Les Bangladais sont habitués à l’anglais et ont à leur disposition les nombreux livres anglais de notre bibliothèque », fait-il remarquer, mais, insiste-t-il : « Pour étudier ici, il faut apprendre la langue. » En effet, au grand séminaire de Séoul, tous les cours sont donnés en coréen et aucun manuel n’est prévu pour les séminaristes étrangers.

Dans les autres grands séminaires qui accueillent des étrangers, les conditions sont équivalentes. Ainsi, à Daejeon, un prêtre étudiant chinois, le P. Wang Jiangong, du diocèse de Taiyuan, dans la province du Shanxi, reconnaît lui aussi que c’est difficile d’étudier parce que la langue coréenne est difficile. Mais, explique-t-il, comparées au grand séminaire de Pékin, les études à Séoul ont certains avantages. Le cursus des études est méthodique et les enseignants compétents.

Le P. Bruno Lee se félicite que les deux Chinois qui étudient à Séoul seront bientôt les premiers étrangers à finir leurs études dans son séminaire. Selon lui, leur présence témoigne du désir de l’Eglise de Corée à prendre pleinement part à la mission d’évangélisation en Asie. En 2006, lorsque l’archevêque de Séoul, Mgr Nicholas Cheong Jin-suk, a été créé cardinal, l’archevêque émérite de Séoul, le cardinal Kim, a souligné l’importance de cette mission pour l’Eglise de Corée.