Eglises d'Asie – Divers Horizons
Dans une lettre envoyée aux autorités de Chine, le cardinal archevêque de Hô Chi Minh-Ville suggère un moyen d’assurer la succession de l’évêque de Pékin
Publié le 18/03/2010
Cette lettre, datée du 22 mai dernier, a pour destinataires deux hauts fonctionnaires, Liu Haixing, directeur du département des Affaires européennes au ministère chinois des Affaires étrangères, et Wang Zuo’an, de l’Administration d’Etat des Affaires religieuses. Selon des sources saïgonnaises, les deux destinataires de la lettre faisaient partie d’une délégation de sept membres qui, au mois de mars dernier, était venue à Hô Chi Minh-Ville rendre visite au cardinal dans sa résidence officielle et avait eu avec lui un entretien privé. La lettre du cardinal, rédigée en chinois et en vietnamien, a été envoyée en Chine par l’intermédiaire du consulat général de ce pays à Hô Chi Minh-Ville.
Dans cette lettre, qui, au 31 mai dernier, n’avait pas encore reçu de réponse, Mgr Mân commence par relater l’excellente impression qu’il a gardée de la rencontre du mois de mars, dont il dit qu’elle a été comme « une passerelle de communion entre moi et l’Eglise catholique dans votre pays ». Il évoque également une délégation de prêtres et de religieuses qui, au moins d’avril dernier, avait rendu visite aux deux hauts fonctionnaires ainsi qu’aux évêques de Pékin et de Shanghai, affaiblis par la maladie, et regrette de n’avoir pas conduit cette délégation. « Je suis désolé de n’avoir pas rendu visite à l’évêque de Pékin avant sa mort », écrit-il en évoquant le décès de l’évêque « officiel » de Pékin, Mgr Michael Fu Tieshan, survenu le 20 avril dernier (2).
Selon l’agence Ucanews, la lettre du cardinal permet de deviner les questions qui ont été soulevées et traitées lors de l’entretien à huis clos entre lui et les deux fonctionnaires chinois, au mois de mars dernier à Hô Chi Minh-Ville. Dans cette lettre, en effet, il propose un certain nombre de suggestions pour le bien du peuple chinois, de l’Eglise catholique en Chine et des « glorieuses relations » entre la Chine et le Saint-Siège. L’archevêque de Saigon suggère en particulier que la meilleure façon de régler la question de la succession de l’évêque de Pékin est de laisser la Conférence de l’Eglise catholique en Chine – et non pas d’autres organisations, précise Mgr Mân – convoquer les évêques du continent à une réunion où seraient nommés des candidats choisis par les évêques actuellement en exercice. Avant de procéder à ce choix, les participants auront prié et discuté ensemble. Ensuite, le Saint-Siège soumettrait la liste des candidats choisis au gouvernement chinois pour que celui-ci exprime son opinion. Lorsque que le gouvernement chinois aura signifié son accord, le Saint-Siège pourra alors nommer le nouvel évêque de Pékin. Le cardinal ajoute encore que, si les évêques réunis par la Conférence de l’Eglise catholique en Chine peuvent prier en paix et librement, échanger leurs vues sans subir des pressions ou des menaces, ils seront susceptibles de prendre des décisions dans l’intérêt à long terme du peuple chinois et de l’Eglise catholique en Chine.
Dans cette lettre, le cardinal Pham Minh Mân mentionne à plusieurs reprises son désir d’effectuer un voyage en Chine. Selon des sources saïgonnaises, le consulat général de Chine populaire à Hô Chi Minh-Ville aurait souhaité le voir séjourner en Chine comme invité et lui aurait suggéré de solliciter une invitation d’une personne ou d’une organisation en Chine. Mais une demande du cardinal à la Conférence de l’Eglise catholique en Chine n’avait pas encore reçu de réponse à la fin du mois dernier. Le cardinal entretient aussi une correspondance à ce sujet avec Mgr Aloysius Jin Luxian, évêque « officiel » de Shanghai, à qui il a précisé qu’il espérait faire ce voyage en septembre ou en octobre de cette année. Interrogé à ce sujet, Mgr Jin Luxian s’est déclaré enchanté à la perspective d’accueillir le cardinal archevêque de Saigon et a souhaité que celui-ci partage avec l’épiscopat de Chine son expérience de l’Eglise au Vietnam.