Eglises d'Asie

Des laïcs souhaitent que l’Eglise se préoccupe davantage des couples dont l’un des conjoints n’est pas de religion catholique

Publié le 18/03/2010




Les statistiques tenues par l’Eglise catholique l’indiquent : sur dix mariages célébrés à l’église, six concernent un couple dont l’un des époux n’est pas de religion catholique. Dans un pays où les catholiques représentent 9,6 % de la population, ce fait est une réalité vécue au quotidien par bien des fidèles et ceux-ci demandent que l’Eglise, par l’entremise de ses prêtres, prête une attention plus grande aux difficultés spécifiques rencontrées par ces couples. Telles sont les conclusions du séminaire « Mariage et éducation dans la société moderne », organisé le 22 mai dernier, à Incheon, par le Comité pour la pastorale de la famille de la Conférence des évêques catholiques de Corée.

Agatha Seo Ae-sim est âgée de 55 ans. Mère de trois enfants, elle faisait partie des quelque quatre cents personnes, principalement des femmes, qui se sont exprimées lors du séminaire. Selon elle, il est important que « les prêtres, dans les paroisses, se mettent davantage à l’écoute des problèmes de leurs paroissiens. » Elle a cité l’exemple d’une de ses filles, mariée à un protestant. Lorsque sa fille et son gendre se disputent, la querelle porte invariablement sur la question de la religion, a-t-elle souligné, et l’aide d’un prêtre dans ces cas-là serait bienvenue.

Dans une présentation intitulée « Orientation sur la préparation au mariage », Francis Park Moon-su, un laïc membre du Comité pour la pastorale de la famille de la Conférence épiscopale coréenne, a développé l’idée selon laquelle les préparations au mariage telles qu’elles existent aujourd’hui dans le pays ne prennent pas suffisamment en compte les évolutions récentes de la société. Il a cité à cet égard l’amélioration du statut de la femme dans la société coréenne, la tendance qui va vers une moindre inégalité entre les sexes ainsi que le fait que, le plus souvent, les jeunes ignorent totalement l’enseignement de l’Eglise sur le mariage. Tous ces éléments appellent à une refonte de la pastorale du mariage. A propos des couples mixtes, des programmes spécifiques devraient être organisés pour le conjoint non catholique, a-t-il suggéré.

Au cours du séminaire, un autre sujet a été abordé : la sainteté du sacrement de mariage. Dans sa présentation du mariage selon la doctrine catholique, le P. Paul Lee Chang-young a rappelé que l’Eglise reconnaissait le mariage comme un sacrement depuis le Concile de Trente (1545-1563). Le P. Lee, spécialiste de la théologie morale, a rappelé que, pour les catholiques, un mariage était une participation à la création divine et l’édification d’une communauté de vie et d’amour. Ainsi, le mariage est un sacrement qui, par les grâces divines qu’il accorde, sanctifie et soutient le mari et sa femme. Il a également rappelé que « l’unité et l’indissolubilité » d’un mariage catholique étaient prescrites par le droit canon.

Les propriétés essentielles du mariage sont, a-t-il expliqué, « l’unité, qui signifie une communauté de vie entre un homme et une femme, et l’indissolubilité, qui dit que le mariage ne peut être dissout par un être humain ». Parlant ensuite avec les journalistes, le P. Lee a suggéré que des centres d’assistance socio-psychologique soient établis dans les diocèses pour aider ces couples qui ne s’entendent pas et ne parviennent pas à vivre ensemble dans la paix à cause de leurs différences, entre autre celle de la religion.

Toutefois, pour le P. Andrew Pak Hui-jung, le rappel de la position de l’Eglise sur l’indissolubilité du mariage « n’est pas suffisant » pour répondre au problème de l’incompatibilité. Quand les couples ne peuvent pas, pacifiquement, vivre ensemble, il est socialement acceptable pour eux de se séparer, a-t-il expliqué, mais l’Eglise ne demandera pas et ne pourra jamais demander elle-même à un couple de le faire. Le P. Pak, professeur de droit canon de l’université d’Incheon, a exprimé le souhait que les prêtres, dans les paroisses, se saisissent de la vie concrète de leurs paroissiens pour l’intégrer dans la pastorale de la famille. « Sinon les efforts de l’Eglise, exprimés dans ce séminaire ou ailleurs, resteront des mots vides de sens. »