Mindanao : l’armée a annoncé avoir localisé la zone où est détenu le missionnaire italien enlevé le 10 juin 2007

Toujours selon l’armée, le P. Bossi aurait été enlevé par une quinzaine de dissidents du Front Moro islamique de libération (MILF). Leur commandant serait Abdusalam Akiddin, surnommé le commandant Kiddie, qui a également fait sécession du MILF. Ils ont pu être localisés grâce à des informations fournies par le MILF, qui a démenti être impliqué dans cet enlèvement. Le mouvement séparatiste musulman discute depuis plusieurs mois un plan de paix avec Manille (1) et, en témoignage de sa bonne foi dans cette affaire d’enlèvement, il a offert son aide au gouvernement.

Pour le général Dolorfino, « l’important est d’être capable de contenir les ravisseurs dans une zone afin que nous puissions restreindre leurs options… Une fois cela fait, ils n’auront plus que deux options : s’échapper et probablement laisser leur otage derrière eux, ou négocier ». Aucune information n’a filtré quant à une éventuelle demande de rançon.

Agé de 57 ans, membre de l’Institut pontifical des Missions étrangères (PIME), le P. Giancarlo Bossi a été enlevé le dimanche matin alors qu’il se rendait à l’église du village de Bulawan pour y célébrer la messe. Présent à Mindanao depuis trente ans, il menait son activité pastorale dans la paroisse de Payao, au sein de la prélature d’Ipil, depuis peu. L’administrateur apostolique d’Ipil a en effet appelé les PIME à venir renforcer la trentaine de prêtres qui y sont au service d’une population de 600 000 personnes dont 62 % sont catholiques.

Le P. Bossi est le troisième prêtre italien enlevé dans cette région de Mindanao en l’espace de dix ans. En septembre 1998, le P. Luciano Benedetti, PIME, avait été kidnappé dans la province de Zamboanga del Norte, avant d’être libéré après 68 jours de captivité. En octobre 2001, c’était au tour du P. Giuseppe Pierantoni, missionnaire du Sacré-Cœur de Jésus, d’être enlevé ; passant entre les mains de différents groupes de ravisseurs, eux-mêmes pourchassés par l’armée et la police, il avait passé six moins en détention. Dans les années 2000 à 2002, les enlèvements s’étaient multipliés et certains avaient connu une issue tragique : en mars 2000, le groupe Abu Sayyaf enlevait 29 catholiques, dont des enfants, et le directeur de l’école visée était tué après un mois de captivité ; le 28 août 2001, le missionnaire irlandais Rufus Halley était tué alors qu’on tentait de l’enlever ; le 7 juin 2002, c’était un missionnaire évangélique américain, Martin Burnham, qui trouvait la mort lors de l’opération lancée par l’armée pour le libérer ; sa femme sera blessée durant cette opération, mais s’en sortira vivante.