Eglises d'Asie

Haryana : différents groupes chrétiens réunis à Dehli ont salué la décision prise par une université chrétienne d’ouvrir ses portes à de brillants étudiants issus de classes sociales défavorisées

Publié le 18/03/2010




« Un changement historique. » Tels sont les propos tenus par différents groupes chrétiens (1) lors de leur déclaration commune concernant la décision de la prestigieuse université chrétienne St-Stephen, le 12 juin dernier, d’allouer 25 % des places réservées d’ordinaire aux chrétiens de son université aux jeunes étudiants chrétiens dalits.

Géré par le diocèse de Delhi de l’Eglise (protestante) du Nord de l’Inde (Church of North India, CNI), St Stephen’s College, fondé en 1881 par Cambridge Brotherhood, une fraternité anglicane, est la plus ancienne université de la capitale indienne. Classée parmi les dix meilleures universités du pays, selon l’hebdomadaire India Today, St Stephen’s College a formé de nombreux hommes et femmes politiques et fait aujourd’hui figure de précurseur dans l’Eglise en affichant clairement son engagement éducatif auprès des chrétiens issus de basses castes. Pour Enos Das Pradhan, secrétaire général de l’Eglise du Nord de l’Inde, cette décision en faveur des chrétiens dalits vise à « surmonter les handicaps sociaux et économiques » dont ils souffrent du fait du système discriminatoire des castes.

Plus largement, cette mesure s’inscrit dans la logique des récentes recommandations de la Commission nationale pour les minorités religieuses et linguistiques qui suggère que les chrétiens et les musulmans de classes sociales les plus défavorisées puissent bénéficier des mêmes droits que ceux attribués aux hindous, sikhs et bouddhistes de basses castes (2). Elle fait également écho à la New Education Policy annoncée par la Conférence des évêques catholiques de l’Inde, le 23 mai dernier, et qui réaffirme l’engagement éducatif de l’Eglise auprès des populations les plus marginalisées (3).

Pour John Dayal, président de l’Union catholique pan-indienne (All India Catholic Union), « ces changements ont encore du chemin à faire pour éliminer l’impression que l’Eglise ne gère que des institutions éducatives prestigieuses, destinées aux plus riches et aux plus puissants, sans souci des plus pauvres. Ces mesures révolutionnaires ne sont qu’un début dans le développement de 60 % de la communauté chrétienne qui, jusqu’à présent, ne faisait pas partie des projets de développement de l’Eglise et était également ignorée par l’Etat ». D’après des sources chrétiennes, les dalits représentent en effet près de 60 % des 25 millions de chrétiens en Inde.

Toutefois, la décision prise par le directoire de l’université chrétienne est loin de faire l’unanimité, notamment parmi les Indiens appartenant aux hautes castes. Une campagne hostile à l’égard de St Stephen’s College a notamment été déclenchée dans la presse quotidienne indienne, accusant la prestigieuse université de mettre en jeu son haut niveau d’éducation et de renoncer à ses principes de laïcité.

En plus des 40% des places réservés aux chrétiens dont un quart pour les chrétiens dalits, St Stephen’s College en réserve 15 % aux étudiants handicapés et aux pupilles de la nation, 5 % aux élèves ayant des capacités sportives prometteuses, les derniers 40 % étant ouverts aux étudiants n’entrant pas dans ces catégories.