Eglises d'Asie

Kerala : le cardinal Vithayathil prend des mesures concrètes pour lutter contre la corruption dans les écoles catholiques de son archidiocèse

Publié le 18/03/2010




Afin de lutter contre la corruption dans les établissements d’enseignement catholique, le cardinal Vithayathil, archevêque majeur d’Ernakulam-Angamaly, dans l’Etat du Kerala, a demandé aux institutions éducatives catholiques relevant de son archidiocèse de ne plus accepter d’argent lors de l’inscription d’élèves ou de l’affectation d’enseignants. « Si les institutions ont enfreint cette directive de l’Eglise en acceptant de l’argent, le montant sera rendu », a déclaré le cardinal, lors de l’ouverture du conseil pastoral de l’archidiocèse, le 9 juin dernier.

Le cardinal-archevêque, de l’Eglise syro-malabar, a également annoncé la création de commissions qui seront chargées de contrôler les inscriptions et les affectations dans les institutions éducatives de l’archidiocèse (1). Sa circulaire a également été envoyée à toutes les institutions éducatives de l’archidiocèse, car, selon le prélat, il serait bon que les écoles gérées par les congrégations religieuses appliquent également ces mesures.

Pour différents laïcs interviewés par Ucanews, ce changement permettra d’apporter davantage de justice sociale et aidera à améliorer la qualité de l’enseignement. « Cette décision est révolutionnaire, elle permettra à l’Eglise d’améliorer son image auprès des plus pauvres », a commenté Charlie Paul, un catholique engagé, précisant que Mgr Vithayathil « pratique ainsi ce qu’il prêche. »

Néanmoins, cette décision ne fait pas l’unanimité au sein de son Eglise. Le cardinal a demandé à deux prêtres responsables d’écoles de rendre les fonds reçus pour des affectations, après que le cardinal a été informé des transactions menées dans ces établissements. « J’ai rencontré de nombreux prêtres qui sont mécontents de la décision du cardinal. Selon eux, si l’Eglise ne perçoit pas de frais d’admissions et d’affectation, elle ne sera pas en mesure d’administrer ses institutions », a ajouté Charlie Paul. Pour d’autres, l’Eglise disposera de fonds suffisants pour administrer ses écoles si elle « arrête de dépenser des fortunes » dans des événements « improductifs », telle la célébration des fêtes des saints.

Certains laïcs craignent quant à eux que des prêtres ou des personnes influentes ne sabordent les efforts du cardinal pour lutter contre la corruption. « Beaucoup de prêtres ont touché de l’argent lors d’admissions d’élèves ou d’enseignants. Comme ces arrangements sont secrets, personne ne connaît le montant des sommes en jeu », précise Matthew Joseph, un enseignant catholique à la retraite. Selon lui, des membres de l’Eglise vendaient les postes au plus offrant, certains pouvant aller jusqu’à demander entre 1 et 1,5 million de roupies (entre 18 000 et 27 000 euros) pour un poste d’enseignant en établissement supérieur. « Seuls les riches peuvent acheter ces postes et ces personnes ne peuvent être de bons enseignants », se lamente Matthew Joseph en ajoutant que « le mérite et le sens du service ne sont pas pris en compte » dans l’obtention des postes.

Pinarayi Vijayan, secrétaire du Parti communiste de l’Inde pour le Kerala, parti au pouvoir dans l’Etat, a salué l’initiative du cardinal. Si cette mesure est appliquée correctement, elle apportera « des changements révolutionnaires », car l’Eglise s’est opposée aux efforts du gouvernement visant à assurer davantage de justice sociale dans les écoles privées (2), a-t-il commenté. « A présent que le cardinal a déclaré qu’il n’accepterait pas de comportements corrompus dans les institutions éducatives, c’est certainement un bon signe », a-t-il ajouté.