Eglises d'Asie

Le président Nguyên Minh Triêt a répondu évasivement aux questions concernant la liberté religieuse et les droits de l’homme, largement évoquées lors de son voyage aux Etats-Unis

Publié le 18/03/2010




Le président de l’Etat vietnamien, Nguyên Minh Triêt, l’avait annoncé auparavant : son voyage aux Etats-Unis, qui s’est déroulé du 18 aux 24 juin, avait essentiellement pour objectif la collaboration économique entre les deux pays. Cette déclaration préalable n’a pas empêché les protestations contre la politique de son gouvernement de se faire entendre tout au long du voyage. Elles étaient surtout suscitées par la répression du mouvement démocratique, une répression qui a battu son plein dans les premiers mois de l’année 2007 durant lesquels arrestations et procès se sont succédé. Ces interrogations sur les droits de l’homme se sont exprimées aussi bien dans les rues de Washington ou du comté d’Orange que durant les conférences de presse ou encore dans les rencontres du dirigeant vietnamien avec le président des Etats-Unis ou d’autres personnalités. A chaque fois, le chef d’Etat vietnamien a fait une réponse sensiblement identique.

Cependant, c’est à New York, lors d’une conférence organisée par Asia Society, le 20 juin, que la position de Nguyên Minh Triêt s’est exprimée avec le plus d’ampleur et de clarté. A l’issue d’un exposé ayant fait miroiter les grandes possibilités offertes par le Vietnam actuel en pleine croissance aux investisseurs et chefs d’entreprise américains, des questions lui ont été posées sur l’arrestation du P. Nguyên Van Ly, la liberté religieuse et les droits de l’homme.

Le président vietnamien a ainsi répondu : « Le Vietnam possède une Constitution et des lois. Ceux qui ne s’y conforment pas sont passibles d’une sanction. Les récents jugements ont été prononcés contre des citoyens vietnamiens qui avaient enfreint la loi et non pas contre des personnes « d’opinions différentes ». Le Vietnam respecte les opinions. Nous organisons en permanence des consultations de l’opinion du peuple qui contribue ainsi à l’édification du pays. Mais le Vietnam n’accepte pas les activités en infraction avec la loi, troublant la sécurité nationale. Les activités de ce type tombent sous le coup de la loi. En ce qui concerne la question religieuse, comme vous le savez tous, il existe au Vietnam de très nombreuses activités religieuses, des églises, des pagodes, où le culte est célébré librement. Le président Bush, lors de son dernier passage au Vietnam, est allé à l’église, où il a été le témoin oculaire de l’ouverture religieuse et du développement de la démocratie et de la liberté. En ce qui concerne le prêtre Nguyên Van Ly, le procès qui lui a été intenté n’avait nullement pour objet la religion mais les violations de la législation vietnamienne commises par lui. » S’adressant alors directement à ses interlocuteurs, il a conseillé à ceux qui ne le croiraient pas de se rendre au Vietnam où ils pourront être témoins de la richesse des diverses manifestations religieuses (1).

Le moment fort du voyage aux Etats-Unis a été la rencontre des deux présidents à la Maison-Blanche, le 22 juin. Avant celle-ci, de nombreuses pressions s’étaient exercées sur le président Bush, émanant de groupes politiques, de membres du Congrès et d’associations de défense des droits de l’homme, réclamant que les négociations sur les questions économiques soient liées à une amélioration de la situation des droits de l’homme et de la liberté religieuse au Vietnam. Dans la déclaration publique qui a suivi la rencontre, le président Bush a précisé : « J’ai dit clairement que, pour que leurs relations avec nous s’approfondissent, il est important que nos amis s’engagent sans réserve dans l’amélioration des droits de l’homme, de la liberté et de la démocratie. » S’adressant directement au président vietnamien qui était à ses côtés, il a ajouté qu’il croyait fermement que les sociétés étaient enrichies lorsque que la population était autorisée à s’exprimer et à pratiquer son culte librement.

La réponse de Nguyên Minh Triêt a été moins précise que lors de sa première intervention. Il s’est contenté d’affirmer avoir eu un échange direct et ouvert sur les droits de l’homme avec son partenaire américain. Aucun de ses propos n’a laissé entendre que sa rencontre avec le président américain modifierait la politique pratiquée par le gouvernement à l’égard du mouvement pro-démocratique. Plus tard, quelques heures après la rencontre, dans une interview accordée à l’agence Associated Press, il faisait remarquer que la question n’était pas de savoir s’il fallait ou non améliorer la situation des droits de l’homme. « Le Vietnam possède une législation et ceux qui violent la loi sont jugés en conséquence. Les lois vietnamiennes ne sont pas à 100 % les mêmes que les lois des Etats-Unis à cause du contexte et de conditions historiques différents. »

D’une façon générale, le chef d’Etat vietnamien a cherché à éluder ou à minimiser cette question. Il a dit plus tard que ce problème ne devait pas affecter les relations entre le Vietnam et les Etats-Unis. Dans un long article signé de lui paru le 25 juin dans le Washington Times, le président Nguyên Minh Triêt ne fera aucune allusion à ces questions des droits de l’homme que pourtant tout le monde a soulevé autour de lui. L’article s’étendra longuement sur les intérêts communs aux deux pays en matière de commerce, de culture, de sciences, de nouvelles technologies, d’éducation, de lutte contre le terrorisme, etc.