Eglises d'Asie

Mindanao : le P. Eliseo Mercado a décliné le poste de chef du Comité gouvernemental chargé des négociations de paix avec le MILF

Publié le 18/03/2010




Le 20 juin dernier, après s’être entretenu avec de hauts responsables du MILF (Front Moro islamique de libération), le P. Eliseo Mercado, OMI, a décliné l’offre de devenir chef du Comité gouvernemental chargé des négociations de paix entamées depuis plusieurs mois avec le MILF, poste qui lui avait été proposé par le gouvernement quelques jours plus tôt, après la démission du chef de ce comité, Silvestre Afable.

« Ils (le MILF) me veulent indépendants », a déclaré le religieux, rappelant « sa position spéciale » dans les négociations de paix. Selon lui, sa « meilleure » contribution consistera à « examiner les différentes étapes du processus de paix et à conseiller » les deux factions. Ainsi, je « ne me laisserai pas abattre » par les implications partisanes et « j’aiderai les deux parties à travailler pour le bien commun ».

Avant d’annoncer qu’il n’acceptait pas le poste, des représentants du MILF avaient publiquement exprimé des réserves quant à sa nomination en tant que chef du Comité gouvernemental. Selon Jun Matawil, haut responsable du MILF impliqué dans les négociations de paix, le P. Mercado ne disposant pas de pouvoirs ministériels, il n’aurait pu avoir l’autorité requise pour pousser le gouvernement à appliquer les accords (1). Pour Mohagher Iqbal, chef du Comité du MILF chargé des négociations de paix avec le gouvernement, il aurait été néfaste qu’un prêtre représente et agisse au nom du gouvernement philippin, même si le prêtre en question est « [son] ami » et qu’il le respecte.

 

Le P. Eliseo Mercado, qui a étudié l’arabe et l’islamologie, est impliqué depuis plusieurs décennies dans les discussions préparatoires aux négociations de paix entre le gouvernement et les groupes rebelles. Il a été président de l’Independent Fact Finding Committee, un comité de négociation indépendant chargé des négociations de paix à Mindanao dans les années 1990, et également président du Kusog-Mindanao (‘Mindanao fort’), une confédération interreligieuse de portée nationale impliquée à Mindanao.

 

Le MILF a signé une trêve en 2003 avec Manille pour cesser les hostilités armées, mais les négociations de paix peinent à aboutir, la présence de troupes américaines dans l’extrême-sud de l’île ne facilitant pas les négociations avec le gouvernement philippin. Après la paix signée en 1996 entre Manille et le MNLF (Front moro de libération nationale), le MILF a repris le flambeau de la lutte pour l’autonomie des populations musulmanes vivant sur l’île de Mindanao. Après plusieurs années d’impasse, notamment en 2000-2002, sous la présidence de Joseph Estrada qui a intensifié les tensions dans la région, une issue pourrait être trouvée, le gouvernement philippin ayant reconnu au MILF « le droit à l’autodétermination » sur une partie de la grande île méridionale des Philippines. Les négociations visent à créer une région fédérale musulmane dans le sud-ouest de Mindanao, dont les pouvoirs seraient assez étendus. Si le principe de cette région semble acquis, sa délimitation géographique pose toutefois problème.

Selon l’agence de presse Mindanews, c’est Rodolfo Cadiz Garcia, un général à la retraite qui a accepté, le 27 juin dernier, le poste de chef du Comité gouvernemental.