Eglises d'Asie – Vietnam
Cinquante diacres, formés en dehors des séminaires autorisés par l’Etat, ont été ordonnés prêtres à Bui Chu
Publié le 18/03/2010
Des circonstances particulières expliquent le chiffre exceptionnel des ordinands du 9 juin 2007 et leur âge. Certains d’entre eux avaient dépassé la soixantaine et le plus jeune avait 31 ans. Tous faisaient partie d’un groupe de 83 séminaristes et prêtres, familièrement nommés « illégaux », c’est-à-dire non reconnus par les autorités civiles, qui venaient d’achever une année de recyclage théologique dans le centre pastoral adjacent à l’évêché de Bui Chu. Leur formation avait été prise en charge par le corps enseignant du grand séminaire de Ha Noi et avait pour objectif principal de régulariser la situation de séminaristes ayant accompli leur formation sacerdotale en dehors des séminaires et d’un certain nombre de prêtres qui, dans les années passées, avait été ordonnés sans autorisation du gouvernement.
Le doyen des nouveaux prêtres, le P. Jean Nguyên Van Giao, avant de pouvoir bénéficier du cours de recyclage théologique, a exercé le métier de guide touristique pendant quinze ans. Il s’était spécialisé dans la visite de la célèbre cathédrale de Phat Diêm et de ses dépendances, qu’il présentait aux touristes étrangers et vietnamiens. A la fin de la cérémonie, il a fait remarquer qu’il s’agissait là d’une ordination historique, la plus importante depuis l’exode de 1954, qui avait entraîné vers le Sud de nombreux laïcs et prêtres catholiques. Il a ajouté que cet événement était le signe d’une certaine amélioration des relations entre l’Eglise locale et les autorités, amélioration qui a permis à l’évêque de Bui Chu de mener à bien, dans le dialogue, la régularisation des séminaristes et prêtres jusque-là « illégaux ».
Selon des confidences de prêtres du diocèse, dix des nouveaux prêtres avaient été ordonnés diacres en 1999 par l’évêque précédent, sans autorisation des autorités civiles. Par ailleurs, au cours de la période passée, 49 prêtres et diacres avaient été ordonnés clandestinement. De 1997 à 2000, le diocèse avait envoyé quelque cent séminaristes dans des établissements de l’Eglise au sud pour y recevoir une formation sacerdotale. Les responsables ecclésiastiques n’avaient pas sollicité, pour cela, la permission du gouvernement, ce dernier n’autorisant que cinq ou six séminaristes à entrer chaque année au grand séminaire de Hanoi.
Cette situation explique le besoin de normalisation qui se fait sentir aujourd’hui. La récente ordination de 50 diacres n’est encore qu’un premier pas et l’évêque songe déjà à de nouvelles ordinations qui, dans les mois prochains, feront accéder au sacerdoce 14 séminaristes « illégaux ».