Eglises d'Asie

Controverse sur des propos attribués au chef de l’Etat vietnamien à propos du P. Nguyên Van Ly

Publié le 18/03/2010




On peut lire dans l’édition du 4 juillet du Nhân Dân et le numéro du 7 juillet du Tuôi Tre une traduction en vietnamien de l’interview accordée par le chef de l’Etat vietnamien, Nguyên Minh Triêt, à la chaîne CNN, lors de son séjour aux Etats Unis, le 23 juin dernier. A une question portant sur le procès et la condamnation du P. Nguyên Van Ly, Nguyên Minh Triêt aurait répondu que, pour ce qui concerne le jugement du prêtre, « la Conférence épiscopale et le Saint-Siège étaient d’accord avec nous ». L’agence Vietcatholic News, de langue vietnamienne, a publié, le 9 juillet la copie d’une lettre ouverte de Mgr Paul Nguyên Van Hoa, président de la Conférence épiscopale du Vietnam, adressée au chef de l’Etat vietnamien. Dans cette courte lettre, en date du 7 juillet, l’évêque dément le propos attribué au président. Mgr Hoa, après avoir rapporté ce propos, écrit : « La réponse du président Nguyên Minh Triêt (…) n’est pas conforme à la vérité. » La lettre se termine par des vœux de bonne santé et est signée au nom de la Conférence épiscopale.

La parution dans la presse officielle d’une transcription de l’interview accordée par le chef de l’Etat vietnamien à CNN deux semaines auparavant avait passablement surpris, d’autant plus que les propos qui ont entraîné la vigoureuse réaction de l’évêque catholique ne se trouvaient pas dans la transcription officielle de l’entretien, fournie par CNN. Par ailleurs, la traduction vietnamienne comporte de nombreux autres ajouts et de multiples transformations du texte des questions et des réponses.

En réalité, aux journalistes qui lui montraient la célèbre photo du P. Ly empêché par un policier de parler au tribunal, le président avait répondu qu’auparavant le prêtre avait prononcé des paroles violentes et injurieuses à l’égard du tribunal. Cependant, a-t-il reconnu, le geste du policier appliquant la main sur la bouche du prêtre n’était pas correct. Mais il s’agissait là de la responsabilité d’un cadre subalterne qui ne représentait en rien l’attitude du gouvernement et qui sera sanctionné. Le président demandait alors aux journalistes de ne pas exploiter outrageusement cette photo.

Le même numéro de Tuôi Tre du 7 juillet a également rendu compte d’une rencontre entre le chef de l’Etat vietnamien et la présidente du Sénat américain, Nancy Pelosi. Celle-ci lui reprochait vivement l’attitude des autorités vietnamiennes à l’égard du P. Nguyên Van Ly. Selon le journal vietnamien, le président a également mis en avant l’attitude de la Conférence épiscopale du Vietnam : « Si nous avions violé la liberté de religion, la Conférence épiscopale aurait dû élever la voix (…). En réalité, ils étaient d’accord avec nous. »

On savait déjà par diverses sources que la Conférence épiscopale n’a pas discuté de cette question en séance plénière. Lors de la dernière réunion du bureau permanent de la Conférence, cette question a été mise à l’ordre du jour de l’assemblée plénière, qui doit avoir lieu du 8 au 12 octobre prochain (1).

Le P. Nguyên Van Ly a été condamné à huit ans de prison et cinq ans de résidence surveillée le 30 mars dernier par un tribunal populaire de Huê, qui avait également condamné quatre de ses collaborateurs à diverses peines de prison. Le prêtre, qui ne reconnaissait pas la légitimité de ce tribunal, avait protesté tout au long de son procès (2). La photo du prêtre bâillonné par un policier avait paru dans un grand nombre de journaux de par le monde et soulevé une forte émotion.