Eglises d'Asie – Corée du sud
Dans l’Eglise catholique de Corée, le système des billets de confession, quasiment obligatoires, est une pierre d’achoppement pour beaucoup de catholiques non pratiquants
Publié le 18/03/2010
D’après ce comité préparatoire, c’est la première enquête où seuls les non-pratiquants catholiques ont été interviewés. Les évêques coréens utilisent le terme de « non-pratiquants » pour désigner les catholiques qui, pendant trois ans ou plus, n’ont pas reçu, dans leur paroisse, le sacrement de réconciliation avant les fêtes de Pâques ou de Noël.
Avant ces deux grandes fêtes, tout paroissien normalement enregistré reçoit un « billet de confession » libellé à son nom. Quand il se présentera pour rencontrer un prêtre, celui-ci « tamponnera » son billet que l’intéressé ira lui-même glisser dans la boîte adéquate. Ce billet prouvera tout simplement à la paroisse que l’intéressé a bien rencontré un prêtre, et qu’il est donc bien en lien avec l’Eglise catholique. Quelqu’un qui, trois ans de suite, n’aura pas fourni de billet tamponné sera considéré comme « non pratiquant », ce qui n’est pas une condamnation par l’Eglise mais, au contraire, l’occasion pour la paroisse de chercher à renouer des liens avec lui, met en avant l’épiscopat coréen.
A la question de l’enquête demandant pour quelles raisons pratiques les catholiques non pratiquants se sont éloignés de l’Eglise, 32,6 % des personnes interrogées ont évoqué la « lourdeur » du système des confessions, 10,6 % citent des problèmes de mésentente avec d’autres membres de l’Eglise, 8 % reprochent à la liturgie d’être « incompréhensible et ennuyeuse » et enfin 7 % estiment que « soutenir financièrement l’Eglise représente pour eux une charge ».
Les principales raisons données pour expliquer l’éloignement de la pratique religieuse ont été, pour 20 % des sondés : « Je travaille le dimanche », pour 15 % d’entre eux : « Je me comporte tout de même toujours en bon catholique ». Enfin, 10 % ont répondu ne pas avoir trouvé d’église catholique après un déménagement dans un nouveau quartier, et une proportion identique se dit « prisonnière des sombres réalités de leur vie personnelle ».
Interrogés sur ce qui les empêchent de renouer avec l’Eglise, 21 % ont répondu « avoir peur de se confesser », 18,5 % qu’ils travaillent le dimanche et 15,1 % ont évoqué des conflits non encore apaisés avec leur curé ou d’autre paroissiens. Près de 12 % ont clairement répondu ne pas avoir l’intention de retourner à l’église (1). En revanche, 86,5 % des catholiques interrogés ont affirmé croire en Dieu et 90,3 % reconnaissent la valeur de l’Eglise catholique.
Ainsi, « l’enquête montre que les non-pratiquants ont des problèmes avec la confession et nous demandent instamment d’étudier leurs difficultés », a expliqué à l’agence Ucanews le P. Casimir Song Yul-sip, secrétaire du comité, le 25 juin dernier. « C’est dans la nature humaine de cacher ses fautes et d’être peu enclin à s’en ouvrir à d’autres, a-t-il ajouté. Nous avons pourtant à vaincre cette difficulté qu’ont les hommes à recevoir la grâce de Dieu. C’est ce que nous croyons ». Les prêtres, de leur côté, ont des efforts à faire pour aider les chrétiens à voir le sacrement de réconciliation comme une grâce de Dieu et à rendre la confession plus facile, a suggéré le P. Song (2).
Francis Xavier Park Jung-sub, professeur des technologies de l’information à l’université de Cheongju, a dirigé l’enquête. Il explique que ces interviews réalisées en face à face n’avaient pas été un travail facile. « Parce que nous ne connaissons pas leurs origines et parce qu’ils cherchent à éviter l’Eglise, il n’est pas évident de situer les personnes interviewées. La plupart d’entre elles ont refusé de répondre à l’enquête, ayant quitté l’Eglise il y a plus de dix ans», précise-t-il.
D’après le P. Song, le taux de non-pratique religieuse dans son diocèse est plus élevé que la moyenne nationale. « Nous proposerons d’aborder cette question importante lors de notre prochain synode », a-t-il conclu.