Eglises d'Asie

En vue des prochaines élections présidentielles, les évêques catholiques appellent à moderniser le système électoral du pays

Publié le 18/03/2010




A la fin de leur assemblée plénière, qui s’est tenu les 7 et 8 juillet derniers, à Manille, les 85 évêques catholiques des Philippines présents à cette réunion ont appelé le gouvernement à moderniser le système électoral en vue des prochaines élections présidentielles, qui auront lieu en 2010. « Une discussion ouverte et transparente doit être engagée sur le type d’informatisation, la manière d’implanter et de conduire le dépouillement des bulletins de vote. La modernisation de notre système électoral préparera un chemin de paix et contribuera à un scrutin honnête », a déclaré Mgr Angel N. Lagdameo, président de la Conférence épiscopale des Philippines (CBCP).

Les élections de mi-mandat, en mai dernier, ont en effet été entachées d’une série de fraudes, d’anomalies, de violences et de meurtres. Dans un système électoral « lent et primitif », les bulletins de vote sont comptés manuellement, laissant ainsi la porte grande ouverte aux fraudes, estiment plusieurs comités de surveillance indépendants, parmi lesquels l’association catholique Parish Pastoral Council for Responsible Voting (PPCRV, Conseil pastoral paroissial pour un vote responsable).

Les évêques appellent aussi à une refonte en profondeur de la Commission électorale (COMELEC), « en commençant par la nomination d’un nouveau comité de direction et avec la désignation de commissaires compétents et intègres. Il est de notre responsabilité collective de contrôler étroitement le processus de dépouillement et de comptabilisation des bulletins de vote, ainsi que celui de confirmation des résultats ». Dans la province de Maguindanao, à Mindanao, Lintang Bedol, responsable régional de l’organisation des dernières élections, a été arrêté il y a peu pour avoir manipulé les résultats des élections sénatoriales, les douze candidats pro-Arroyo étant arrivés en tête (1), alors que certaines listes de comptabilisation des suffrages avaient, par ailleurs, « mystérieusement » disparu. Soutenu par la COMELEC, Lintang Bedol a toutefois été relâché peu après. « De sérieux efforts pour dépolitiser et professionnaliser la bureaucratie doivent être menés », a poursuivi Mgr Lagdameo, ajoutant que des personnes compétentes au sein de la COMELEC peuvent jouer un rôle catalyseur dans le renouvellement de cette institution (2).

Malgré « de profondes imperfections », la CBCP a toutefois qualifié les dernières élections de « succès en ce sens que les résultats ont reflété, de manière générale, la volonté du peuple », les contestations portant seulement sur 5 % des suffrages dépouillés. Des signes « de maturité croissante » sont également perceptibles, puisque la célébrité et la large médiatisation de certains candidats ne leur ont pas nécessairement permis de rassembler suffisamment de voix pour être élus (3).

Les évêques ont, par ailleurs, renouvelé leur appel à mettre plus régulièrement à jour les listes électorales et à continuer de développer les démarches visant à éduquer les citoyens pour un vote responsable. C’est d’ailleurs en ce sens que différentes associations indépendantes, telles le PPCRV, le National Movement for Free Elections (NAMFREL) et le National Secretariat for Social Action (NASSA), ont travaillé conjointement lors des dernières élections et ont ainsi pu jouer un rôle conséquent dans la mise à jour des listes électorales.

Un autre point évoqué lors de la dernière assemblée plénière, mais non repris dans la déclaration des évêques, a été celui de l’engagement politique de certains prêtres (4). Mgr Antonio Ledesma, vice-président de la CBCP, a ainsi déclaré qu’« il existe des circonstances particulières et concrètes où des prêtres peuvent estimer qu’il est de leur devoir de se présenter à des élections », précisant toutefois qu’il revenait à l’évêque du lieu de discerner, avec la personne concernée, de la situation locale, et aux électeurs de juger si la candidature était présentée au nom de l’intérêt général.

A l’issue de l’assemblée plénière semi-annuelle, Mgr Lagdameo a été réélu président de la CBCP et Mgr Nereo Odchimar, évêque de Tandag, élu vice-président.