Eglises d'Asie

Kerala : à Trichur, l’Eglise syro-malabar a célébré la fête de saint Thomas en protestant contre les récentes mesures éducatives du gouvernement communiste

Publié le 18/03/2010




Au Kerala, dans l’archidiocèse syro-malabar de Trichur, la fête de saint Thomas, solennité très importante pour les Eglises de rite oriental en Inde, a pris, cette année, une tournure particulière, le 3 juillet dernier, puisque des paroissiens se sont réunis pour protester contre les dernières mesures prises par le ministère de l’Education. Selon Mgr Andrews Thazhath, archevêque de Trichur, celles-ci ne respectent pas le droit fondamental de pouvoir recevoir une éducation chrétienne.

Dans une lettre pastorale, lue le dimanche précédent dans les paroisses, le prélat avait invité les fidèles à vivre de manière particulière la solennité de l’apôtre saint Thomas, considéré comme le premier évangélisateur de l’Inde, en réagissant de manière pacifique face à une tactique politique « biaisée » qui vise à prendre le contrôle des institutions chrétiennes en matière éducative et de santé. Interviewé par l’agence Ucanews (1), le prélat a déclaré que l’Eglise n’avait « pas d’autre alternative » puisque le gouvernement, dirigé par des communistes, s’apprêtait à violer le droit des minorités religieuses, en prévoyant de réviser le Kerala Educational Rules afin d’éliminer toute présence de « foi en Dieu ».

Un autre élément de la réforme éducative prévoit de placer les écoles publiques et les écoles privées recevant des subventions sous le contrôle administratif du panchayat, une unité administrative locale, au détriment de leur propre système de fonctionnement (2). Mention est également faite aux enseignants de venir les samedis pour donner des cours particuliers aux enfants en difficultés scolaires et le dimanche, de participer à des conseils de professeurs. D’après des médias locaux, le gouvernement souhaite également enlever tout signe ou symbole religieux des établissements et interdire les temps de prière. « Cela conduira les enfants à l’athéisme » et « fragilisera leurs valeurs morales », a mis en garde Mgr Thazhath.

Pour le ministre de l’Education du Kerala, M. A. Baby, connu localement pour ses positions hostiles envers l’Eglise, ces protestations sont des « moyens de pression » pour troubler les citoyens ; notre politique gouverne-mentale est « très transparente et nous souhaitons améliorer la qualité de l’enseignement dans l’Etat », a-t-il précisé. La déclaration et les analyses de Mgr Thazhath ont toutefois recueilli le soutien de responsables catholiques en dehors de l’archidiocèse qui estiment que cette politique est antichrétienne (3).

La plupart des 3,5 millions de fidèles catholiques de rite syro-malabar se situent dans l’Etat du Kerala, où l’Eglise catholique de rite oriental a la charge de 15 diocèses. Elle est également à la tête de dix autres diocèses dans d’autres Etats de l’Inde, majoritairement dans le sud du pays, ainsi que d’un diocèse aux Etats-Unis.