Eglises d'Asie

L’évêque de Sibolga, dont le territoire comprend l’île de Nias, déplore l’inadéquation de l’aide apportée par les ONG et le gouvernement indonésien aux besoins réels de la population

Publié le 18/03/2010




Selon Mgr Ludovikus Simanullang, évêque du diocèse catholique de Sibolga, l’aide apportée et les projets soutenus par le gouvernement indonésien ainsi que par les ONG ont des effets négatifs sur la population de l’île de Nias. Peuplée de 720 000 habitants, cette île, située au large de la côte occidentale de Sumatra, a été frappée par le tsunami du 26 décembre 2004, les vagues géantes y faisant 150 morts, puis par un puissant tremblement de terre, le 28 mars 2005, qui a tué plus de 500 personnes (1).

Mgr Ludovikus Simanullang, âgé de 52 ans, est natif de Sumatra. Ordonné et installé sur le siège de Sibolga le 20 mai dernier (2), il déplore le fait que l’afflux d’argent et de personnels sur l’île pour assurer les tâches de reconstruction a bouleversé l’équilibre de cette société insulaire. Il explique ainsi que de nombreux habitants de Nias ont abandonné ce qui les faisait vivre jusqu’ici – l’agriculture, pour la plupart – pour trouver à s’embaucher dans les projets financés par les ONG ou l’aide gouvernementale. Or, souligne l’évêque, d’ici quelque temps, ces projets s’arrêteront et les locaux se retrouveront sans emploi. De plus, ajoute-t-il, l’Eglise ne peut pas suivre en offrant des salaires comparables à ceux des ONG ou du gouvernement, et les initiatives lancées par elle dans le domaine du développement à long terme en souffrent directement.

D’une manière générale, les travaux de reconstruction sont d’une extrême lenteur. Ce travers avait déjà été souligné au début de cette année (3). Il s’explique par l’isolement dont l’île souffre et par son relief accidenté, mais l’évêque constate que des sinistrés, notamment du tremblement de terre, ont touché une aide du gouvernement seulement deux ans après la secousse tellurique. S’agissant des projets mis en œuvre, Mgr Simanullang se désole du fait qu’un trop grand nombre d’entre eux ont été lancés sans concertation préalable avec les habitants. Résultat, de nombreuses constructions ont surgi en ville, sans être toujours bien édifiées et sans souci de maintenance ; une partie d’entre elles paraissent déjà en mauvais état. De nombreux habitants ont gagné de l’argent sur les chantiers de construction, mais ils n’ont pas été associés aux études qui ont présidé à la mise en place de ces structures.

Pour l’évêque, sans parler de la corruption qui a inévitablement accompagné un tel afflux de ressources à Nias, on peut craindre le développement d’un esprit consumériste, l’attrait de l’argent facile, alors même que les ONG et le gouvernement commencent à réduire leur assistance. « Les gens sont libres d’aller travailleur là où bon leur semble. Je ne peux donc pas inverser la tendance, les gens préféreront toujours un emploi qui est immédiatement rémunérateur à un projet qui s’inscrit dans la durée, qui paye moins mais qui les amènera à être maître de leur destinée », explique encore l’évêque.