Eglises d'Asie

Un évêque recommande vivement aux catholiques de contribuer à un changement d’attitude sur la question de la réunification

Publié le 18/03/2010




Dans son message du 24 juin dernier, pour le dimanche annuel consacré à la réconciliation et à l’unité du peuple coréen, Mgr Lucas Kim Un-hoe, évêque auxiliaire de Séoul et président du Comité épiscopal pour la réconciliation du peuple coréen, a recommandé aux catholiques d’aider la population à ne plus envisager l’unification de la péninsule coréenne de manière négative et à mettre de côté leurs craintes, comme celle de penser que l’unification avec le Nord provoquerait des troubles au Sud. Il a souligné que la réunification ne devait pas être envisagée comme un fardeau mais comme une espérance pour le peuple coréen et son avenir. Son message, intitulé : « Heureux les artisans de paix », avait été diffusé dès le 8 juin (1).

Mgr Kim Un-hoe reconnaît que beaucoup de jeunes Sud-Coréens se demandent pourquoi leur pays devrait payer l’addition en apportant un soutien au Nord. Néanmoins, il souligne que les bénéfices de la réunification apporteraient une croissance économique renouvelée grâce, notamment, à la diminution des dépenses militaires. Une Corée unifiée redonnerait confiance aux Coréens et serait facteur de paix, une paix qui conduirait à son tour au développement du pays et à la stabilité régionale, explique Mgr Kim Un-hoe (2).

En outre, précise-t-il, les Nord-Coréens jouiront de la liberté religieuse qui leur est interdite et « l’Eglise du silence » pourra se développer. Quand les Nord-Coréens réaliseront que les catholiques partagent leurs souffrances et sont des artisans de paix, l’Eglise revivra là-bas. Chacun se souvient qu’entre 1949 et 1950, tous les prêtres et les religieuses restés au Nord ont été exécutés ou ont disparu et que le gouvernement communiste a confisqué toutes les propriétés de l’Eglise.

Koh Il-dong, expert de l’économie nord-coréenne, a expliqué à l’agence Ucanews que le coût de la réunification serait énorme, compte tenu du fait qu’aujourd’hui, le produit intérieur brut de la Corée du Nord représente seulement 3,3 % de celui la Corée du Sud.

Des jeunes catholiques sont particulièrement sensibles au sujet de la réunification qui les inquiète beaucoup, notamment du fait de ses implications économiques. « La pauvreté des Nord-Coréens nous touche, mais nous ne savons que faire pour eux. C’est aux politiques de les aider, a déclaré Agape Kim Yu-jin, qui n’est pas très enthousiaste à l’idée d’une éventuelle réunification. La Corée du Sud devra fournir une aide économique considérable au Nord en cas de réunification. De plus, des troubles sociaux pourront survenir, du fait des différences économiques et culturelles entre les Nord-Coréens et les Sud-Coréens. »

Mary Kim Yoo-jin, 26 ans, a expliqué de son côté que, d’un point de vue religieux et humanitaire, la Corée du Sud devrait prendre en charge le coût de la réunification pour sauver les Nord-Coréens qui souffrent de malnutrition, mais que, si tel est le cas dans les prochaines décennies, ce sera à sa génération d’en porter le lourd fardeau.