Eglises d'Asie – Indonésie
A l’occasion du 62ème anniversaire de l’indépendance, les responsables religieux appellent à la sauvegarde du pluralisme
Publié le 18/03/2010
Dix-huit responsables religieux représentant le bouddhisme, le catholicisme, le confucianisme, l’islam et le protestantisme ont publié un message commun à l’occasion du 62ème anniversaire de l’indépendance de l’Indonésie. Diffusée le 18 août dernier, la déclaration appelle à la sauvegarde du pluralisme dans la République unitaire d’Indonésie, nom officiel de l’Indonésie.
Organisée par le Comité interreligieux indonésien pour la religion et la paix (IComRP) (1), la rencontre était organisée au lendemain de l’anniversaire de l’indépendance, déclarée le 17 août 1945 par Sukarno. Selon le secrétaire général de l’IComRP, le catholique Theophilus Bela, le progrès en Indonésie ne peut avoir lieu que si la nation défend et promeut le pluralisme. En 62 ans d’indépendance, peut-on lire dans la déclaration, « l’Etat-nation » indonésien s’est construit autour de principes – les cinq principes du pancasila sont ici rappelés (2) – qui ont permis à tous les Indonésiens, quelle que soit leur appartenance religieuse ou ethnique, de penser qu’ils pouvaient se construire une vie juste, pacifique et prospère. Toutefois, ces principes sont aujourd’hui mis en danger car une minorité seulement de privilégiés accapare les libertés, poursuivent les responsables religieux. « La pauvreté, l’analphabétisme, le chômage, l’injustice, la corruption, les abus de pouvoir et la domination étrangère dans les domaines politique, économique et culturel sont des réalités qui posent problème et obèrent le développement de la nation », écrivent-ils.
Selon des statistiques gouvernementales de mars 2007, 37,2 millions d’Indonésiens, soit 16,6 % des 224 millions d’habitants du pays, vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Le ministère de l’Emploi fixe le nombre des chômeurs à 13,6 millions.
Au cours de la conférence de presse qui a accompagné la publication de la déclaration, Din Syamsuddin, président de la Muhammadiyah, la deuxième plus importante organisation musulmane de masse du pays, après la Nahdlatul Ulama, a souligné l’importance que revêt, pour les leaders religieux du pays, la défense du pluralisme aujourd’hui en Indonésie. Les conflits qui ont éclaté ces dernières années entre communautés religieuses ainsi que les heurts ou les tensions récurrentes ne doivent pas nous empêcher de nous réunir, de mettre au point des textes communs et d’établir des collaborations concrètes, a-t-il expliqué en substance. Reconnaître que le maintien du pluralisme est une priorité, c’est travailler à l’unité du pays, a-t-il poursuivi. Amidan, président du Conseil indonésien des oulémas, a, quant à lui, affirmé « la nécessité de faire revivre l’esprit de liberté mis en avant par nos pères fondateurs ».