Eglises d'Asie

Dalat : précisions sur les raisons qui ont conduit une majorité du peuple Koho à la foi chrétienne

Publié le 18/03/2010




Les Kohos appartiennent à une minorité ethnique établie dans la région de Dalat (1). Depuis la fin des années 1980, plus de 100 000 d’entre eux se sont présentés pour recevoir le baptême, une majorité dans l’Eglise catholique, les autres dans des communautés protestantes. Il ne reste aujourd’hui qu’une minorité de Kohos qui suivent leurs anciennes croyances. Leur conversion en grand nombre au cours des dernières décennies a surpris et donné à réfléchir Ces conversions massives, rares aujourd’hui, dans les autres parties du Vietnam, n’ont pas manqué d’émouvoir l’opinion publique qui s’est interrogée sur leur motivation. On s’est demandé quels moyens de persuasion plus ou moins subtils avaient été employés par les Eglises pour rallier à elles des personnes jusqu’ici attachées à leurs anciennes croyances.
En réalité, rien n’a été fait, à l’époque, par les communautés chrétiennes environnantes pour attirer les Kohos dans leur sein. Ce sont les Montagnards eux-mêmes qui ont demandé d’y être intégrés. Les Eglises se sont alors contentées de les accueillir. D’ailleurs, durant les premières années de ce mouvement de conversion, l’Eglise ne bénéficiait pas de moyens suffisants ni surtout de la liberté de circulation pour pouvoir contacter les Montagnards dans leurs villages, souvent reculés. Seuls les villages proches de certaines églises avaient quelques relations avec les chrétiens et les prêtres. On peut cependant trouver des raisons à la fois lointaines et intimes à ce rapprochement des Montagnards et du christianisme.

 

En premier lieu, il faut noter que les activités missionnaires dans la région de Dalat sont déjà très anciennes. Elles ont été menées depuis près d’un siècle par les prêtres des Missions Etrangères de Paris, des religieux rédemptoristes, des lazaristes, des missionnaires avec lesquels ont vite collaboré des prêtres vietnamiens, séculiers et religieux. Du côté protestant, des pasteurs américains avaient également travaillé pendant un certain temps et fondé plusieurs centres missionnaires. Après 1975, toutes ces activités ont été interrompues. Or, c’est à cette période, où l’activité missionnaire était inexistante et les conversions très difficiles, que ce mouvement de conversions s’est mis en marche et s’est développé. La communauté chrétienne montagnarde de Dalat, avant 1975, se développait lentement, malgré les efforts d’évangélisation des missionnaires, et était estimée aux environs de 7 000 fidèles. A partir de la fin des années 1980, des villages entiers ont demandé le baptême. Le grain avait germé.

 

Une deuxième explication du mouvement de conversion a été avancée par le P. François-Xavier Brel, d’origine Koho, de la paroisse de Tam Bô, à Djilinh. Selon lui, de nombreuses pierres d’attente du christianisme existent à l’intérieur de la culture et des croyances traditionnelles. La croyance dans les « yang » en est une. Le mot fut retenu par les missionnaires et introduit dans le vocabulaire chrétien. Ce concept traditionnel, dans lequel se mélangent le divin et l’humain, a pris un contenu nouveau dans le christianisme où il sert, par exemple, à désigner les trois personnes divines. Par ailleurs, les Kohos, selon les déclarations du P. Brel, ont vu les principaux éléments ainsi que le vocabulaire de leurs cérémonies traditionnelles repris et complété dans la liturgie du christianisme. Ainsi le passage du culte et des croyances traditionnelles du peuple Koho à la foi et à la liturgie chrétienne en a été grandement facilité.