Eglises d'Asie

Mindanao : des associations de défense des victimes de l’épandage aérien de pesticides ont bon espoir que cette pratique soit définitivement interdite dans la région de Davao

Publié le 18/03/2010




Dans le sud de Mindanao, des associations, dont des communautés chrétiennes qui se battent depuis plusieurs années pour défendre les populations victimes de l’épandage aérien de pesticides, ont bon espoir que cette pratique soit définitivement interdite, à compter du 23 septembre prochain.
Non loin de Davao, les plantations de bananiers se comptent à perte de vue, avec ça et là, des villages dont les habitants survivent en travaillant pour de grandes firmes multinationales agricoles. Chaque matin, les enfants empruntent des chemins de terre séparant les champs de bananiers pour se rendre à l’école, scène quotidienne qui n’aurait rien de dramatique si ces écoliers n’étaient pas, depuis plusieurs années, soumis à la toxicité des projections régulières de pesticides par épandage aérien (1).
Des congrégations religieuses, des professionnels de santé et des associations citoyennes, notamment IDIS (Interface Development Interventions) (2), se battent depuis plusieurs années pour faire entendre la voix de ces populations qui souffrent d’allergies, de maladies respiratoires, de tumeurs et où les femmes sont fréquemment victimes de fausses couches. Regroupées sous l’appellation MAAS (Mamayan Ayaw sa Aerial Spraying), elles ont activement milité auprès du maire de la ville de Davao pour obtenir l’interdiction de l’épandage aérien.
En mars dernier, malgré de fortes pressions, la MAAS a obtenu gain de cause, le maire interdisant l’épandage aérien de pesticides à partir du 23 juin 2007, laissant ainsi trois mois aux propriétaires de plantation pour organiser l’épandage par voie terrestre. Néanmoins, le 20 juin dernier, suite au recours déposé par la Filipino Banana Growers and Exporters Association (PBGEA) contre la mairie de Davao qui estimait que le délai accordé était « irraisonnable » – après avoir déclaré le contraire à une audience précédente –, la justice a accordé trois mois supplémentaires aux propriétaires des plantations (3). Au moins 1 800 hectares de plantations bananières sont concernés par cette mesure.
Pour Mavic Hilario, de l’association IDIS, cette décision est « très décevante » car elle prolonge l’exposition des populations aux dangers des pesticides qui « menacent leur vie ». D’après le Sunstar Davao (4), un responsable de la PBGEA a admis que l’interdiction de l’épandage aérien de pesticides et le passage à l’épandage terrestre obligeait les compagnies bananières à employer quelques milliers de personnes supplémentaires et, par conséquent, à augmenter leurs coûts de production, des arguments qui ont, sans nul doute, pesé lourdement dans le dépôt d’une demande d’annulation de cette loi pour motif d’inconstitutionnalité.
Parmi les groupes confessionnels ou personnalités religieuses soutenant le projet d’interdiction des pesticides par épandage aérien, on compte la Ulama League of the Philippines, Mgr Delfin Callao, évêque du sud de Mindanao de la Iglesia Filipina Independiente (5), le Conseil œcuménique de la région sud de Mindanao (SEMREC) et différentes congrégations religieuses catholiques, telles les Sœurs du Bon Pasteur ou les rédemptoristes. Selon des sources locales, qui, il y a quelques mois, avaient sollicité le soutien de l’archevêque de Davao, ce dernier n’aurait pas souhaité soutenir directement l’interdiction de l’épandage aérien des pesticides, pour ne pas se mettre en porte à faux avec les pouvoirs économiques de la région. Contacté à ce sujet, l’archevêché de Davao a répondu que l’archevêque était en déplacement à l’étranger et n’était pas joignable.