Eglises d'Asie

Les célébrations du 75e anniversaire de leur diocèse permettent aux catholiques de Thanh Hoa de faire mémoire de l’histoire du christianisme au Vietnam

Publié le 18/03/2010




Le diocèse de Thanh Hoa fête, cette année, le 75e anniversaire de sa création. Préparées depuis longtemps, les célébrations ont culminé dans la messe solennelle présidée par l’évêque du diocèse, Mgr Joseph Nguyên Chi Linh (1), entouré du président de la Conférence épiscopale, de six archevêques et évêques, de 130 prêtres et d’une foule de fidèles estimée à 30 000 personnes. Au cours de l’homélie, l’évêque du diocèse a fait mention des divers témoins du Christ au travers desquels la foi chrétienne s’est transmise jusqu’à la génération actuelle ainsi que les défis et les sacrifices qu’ils durent affronter. A cette occasion, les chrétiens du diocèse se sont remémoré l’histoire de la communauté chrétienne locale.

L’histoire du christianisme sur le territoire du diocèse a commencé de bonne heure puisque ce 75e anniversaire de la création du diocèse coïncidait avec le 380e anniversaire d’un événement d’une importance majeure pour l’histoire de l’Eglise du Vietnam tout entière. Le 19 mars 1627, le premier missionnaire connu du Tonkin, le très célèbre P. Alexandre de Rhodes, jésuite, à la suite d’une tempête, abordait les côtes du territoire de l’actuel diocèse de Thanh Hoa à la hauteur d’un petit port de pêche appelé Cua Bang. Après un premier séjour au centre Vietnam, le P. de Rhodes avait été désigné par ses supérieurs pour aller évangéliser le Tonkin. Embarqué à Macao avec le P. Marques, il rencontra le mauvais temps qui le jeta ainsi sur le rivage de Cua Bang. Les pêcheurs lui offrirent l’hospitalité et furent aussitôt sensibles à sa prédication. Celle-ci ne tarda pas à porter des fruits puisque, selon un rapport de l’époque, une trentaine de personnes se convertiront, parmi lesquels un fils de mandarin, un lettré et un bonze. En 1659, le territoire du diocèse actuel fera partie du vicariat apostolique du Tonkin, divisé plus tard en Tonkin occidental et oriental. C’est le 17 mai 1932 que Thanh Hoa devient un diocèse distinct placé sous la direction de Mgr Louis de Cooman. Lui succéderont Mgr Pierre Phan Tân puis Mgr Barthélemy Nguyên Son Lâm, prédécesseur de Mgr Linh.

Tous ces souvenirs ont fait partie de la commémoration historique et de l’action de grâces qui ont occupé les esprits et les cœurs au cours des célébrations. En tous cas, ils sont une part de cet héritage que le diocèse a voulu conserver et pour lequel il vient de construire, sur le terrain de l’évêché, « une maison de la tradition », solennellement inaugurée le 8 août dernier par Mgr Joseph Nguyên Chi Linh, qui a célébré la messe et béni la nouvelle maison, entouré de plusieurs milliers de personnes. Il s’agit d’une construction sur pilotis, d’envergure modeste, dans le style des maisons du peuple Muong, un style qui rappelle qu’une partie du diocèse, le Châu Lào, est peuplé par des minorités ethniques. A la fin de la cérémonie, l’évêque du diocèse est venu offrir l’encens devant un autel des ancêtres, placé sur la façade principale de la construction. Il porte des tablettes traditionnelles au nom des cinq martyrs canonisés du diocèse, des papes et des évêques ayant été en rapport avec celui-ci.

Le diocèse de Thanh Hoa correspond à la province du même nom. Parmi les 3,8 millions habitants de cette province, on trouve 130 000 catholiques, en majorité des cultivateurs et des pêcheurs. Plus de vingt minorités ethniques différentes vivent sur une partie du territoire de la province. Actuellement, 51 prêtres et 188 religieuses travaillent dans ce diocèse et quarante-sept séminaristes sont en formation.