Eglises d'Asie – Inde
Madhya Pradesh : l’Eglise catholique se dit satisfaite du soutien apporté par le Parti du Congrès à la défense des minorités mais déplore son caractère tardif
Publié le 18/03/2010
Le Madhya Pradesh est dirigé par un gouvernement dominé par le Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien) depuis décembre 2003. Depuis cette date, on a constaté une recrudescence des attaques contre les chrétiens, qui représentent 0,3 % de la population de l’Etat, et contre d’autres minorités. On recense ainsi, depuis janvier dernier, une cinquantaine d’actions violentes dirigées contre les chrétiens et imputées aux extrémistes hindous (1). Ces derniers, dont le BJP est la vitrine politique, militent pour la mise en place d’un Etat théocratique hindou et considèrent le travail de promotion humaine et sociale mené par les chrétiens comme une façade visant à convertir au christianisme les hindous pauvres. De fait, au Madhya Pradesh, les autorités ont accepté d’enregistrer des plaintes contre des chrétiens accusés de chercher à convertir au christianisme par « des moyens frauduleux » et une loi anti-conversion a été votée en juillet 2006, avant d’être déclarée non conforme à la Constitution par les instances fédérales de l’Union indienne (2).
Pour le Parti du Congrès, qui est la principale force d’opposition au Parlement de l’Etat, il est temps que le gouvernement s’explique sur les mesures qu’il compte prendre pour faire cesser ces prétendues conversions forcées. Selon Manak Agrawal, porte-parole du Parti du Congrès dans l’Etat, qui s’est exprimé à la fin du mois d’août dernier, il est évident que les chrétiens sont pris pour cibles et font l’objet d’accusations calomnieuses. Le Parti du Congrès demande désormais la publication des résultats d’enquêtes que la police est censée avoir menées à la suite du dépôt de plaintes pour conversions forcées. Le porte-parole a ajouté que le Parti du Congrès avait pris la décision qu’à partir de maintenant, ses membres seront mobilisés pour vérifier la véracité des plaintes formulées à l’encontre des minorités et recenser toute action violente dirigée contre elles.
Selon Mgr Leo Cornelio, si cette prise de position relève d’un réel souci social et non d’une tactique purement politicienne, elle contribuera à aider les minorités, notamment chrétienne et musulmane, à faire face à certaines des difficultés qu’elles rencontrent. Il a aussitôt ajouté que ses propos ne devaient pas être interprétés comme un soutien au Congrès, mais qu’il était évident que les chrétiens pouvaient difficilement se trouver sur la même ligne politique que le BJP, du fait du soutien apporté par ce parti aux forces menant des actions contre les chrétiens. Au Madhya Pradesh, « parmi les différentes communautés, les chrétiens sont ceux qui sont les plus engagés dans le travail social », a-t-il souligné, invitant le BJP à mieux connaître les chrétiens à travers les œuvres qu’ils animent.
Pour sa part, un chrétien, Richard D’Silva, membre exécutif de la branche chargée de la jeunesse au BJP du Madhya Pradesh, a estimé que les chrétiens doivent s’en prendre à eux-mêmes. Ils ne veulent pas adhérer au BJP, a-t-il expliqué en substance, et le BJP ne cherche pas à les connaître. Le « fossé » ainsi creusé explique en grande partie les problèmes que les chrétiens rencontrent dans l’Etat et il leur appartient de créer des groupes de pression au sein même du Parti du peuple indien afin de défendre leur cause, a-t-il déclaré.