Eglises d'Asie – Corée du sud
Pour fortifier leur foi, des catholiques aiment à explorer les points de rencontre de la Bible et du confucianisme
Publié le 18/03/2010
Sophia Han fait partie de la trentaine d’étudiants, pour la plupart des laïcs catholiques, qui suivent un cours intitulé « La Bible et les ‘Analectes’ de Confucius », à l’Institut catéchétique catholique de Séoul. La Conférence épiscopale de Corée a fondé cet institut en 1958 pour former, parmi les laïcs, des missionnaires et des catéchistes. L’Institut offre trois cours de formation catéchétique de deux ans et une année de formation à la spiritualité et aux humanités. La classe sur la Bible et les Analectes occupe le second semestre de cette année de formation aux humanités.
Paul Sohn Byung-ok, un autre de ces étudiants, ajoute, quant à lui, qu’il était très intéressé par le confucianisme parce que ce sont des lettrés confucéens qui ont, jadis, « construit » la communauté catholique. En effet, ce sont des laïcs coréens et non des missionnaires étrangers qui ont introduit le catholicisme en Corée en 1784 (1). Paul Sohn, 59 ans, reconnaît dans le dialogue interreligieux et la réflexion personnelle une des caractéristiques importantes du XXIe siècle. « C’est une excellent opportunité de pouvoir insérer une nouvelle perspective dans la vie des chrétiens », affirme-t-il.
Les Analectes, recueil des entretiens du philosophe chinois Confucius (551-479 Av. JC) avec ses disci-ples, ont été introduits en Corée vers 372 ap. JC et ont profondément influencé la pensée coréenne (2). « Quand vous lisez Confucius sans préjugés ni distorsions, vous pouvez découvrir ce qu’ont en commun et ce qui diffèrent entre les deux canons », précise le P. John Choi Ki-sub, un des professeurs de l’Institut. Le prêtre, qui enseigne également au grand séminaire de Séoul, a expliqué à ses étudiants qu’interpréter les paroles de Confucius à partir de sa vie personnelle « pouvait être le point de départ de leur foi en Dieu ». La connaissance du confucianisme aide à comprendre les sentiments religieux des catholiques coréens. « Pouvoir comparer nos traditions religieuses est très important. Ce cours, à la lumière de la Bible, aide les étudiants à fortifier leur foi en Dieu », a-t-il ajouté.
Cependant, l’une des étudiantes, Sœur Anna Maria Kim, a souligné que les Analectes ne dépassaient pas le plan des vertus morales. « C’est le Christ, le Verbe de Dieu qui nous sauve et je sais d’expérience que, dans ma vie religieuse, les enseignements de Confucius n’ont aucun pouvoir salvifique », a-t-elle précisé.
Les cours sur les humanités ont commencé en 1997 à l’Institut catéchétique. L’Orient est étudié à travers le bouddhisme, le confucianisme et le taoïsme. Au premier semestre de cette année, un cours a pris pour objet « Dasan Jeong Yak-yong et son commentaire de ‘L’invariable milieu’ ». Jeong Yak-yong (1662-1836), lettré confucéen de la fin de la dynastie Joseon (1392-1910), a mis en lumière des liens entre le confucianisme et le catholicisme.