Eglises d'Asie – Népal
Dans l’est du pays, en proie à des conflits intercommunautaires, Caritas Nepal vient au secours de milliers de victimes des inondations
Publié le 18/03/2010
Selon des médias locaux, les 16 et 17 septembre derniers, de nouvelles violences intercommunautaires ont fait 22 morts. Cent cinquante habitations ainsi que des dizaines de véhicules ont été incendiés. Depuis le début de l’année, ce sont près de 100 personnes qui ont perdu la vie dans ces conflits. Les Madhesis (1), population à la peau foncée originaire d’Inde, ont longtemps été considérés comme des citoyens népalais de seconde zone, voir comme des étrangers, bien qu’ils soient démographiquement majoritaires et aient un poids économique certain. La nation népalaise a construit son identité avec les populations vivant dans les collines ou les montagnes, les Pahades, qui dominent le milieu politique népalais.
« Nous agissons en ce moment pour venir en aide aux victimes d’une des plus grandes catastrophes naturelles qui a frappé notre pays, dans un contexte de violences intercommunautaires sans précédent », a expliqué le P. Silas Bogati, directeur de Caritas Nepal. Les pluies de la mousson ont en effet balayé des routes et des ponts, isolant complètement certains villages situés sur les flancs escarpés de l’Himalaya. Néanmoins, Caritas persévère à aider les populations isolées avec « une dizaine d’employés qui arpente la région depuis près de deux mois » et a également pu distribuer des vivres dans 12 districts localisés dans les plaines.
Selon Mukti Suvedi, responsable d’équipe à Caritas Nepal, qui revient d’une mission dans l’est du pays, la distribution des vivres s’avère difficile car il existe de réels « risques d’enlèvement », des personnes peu scrupuleuses n’hésitant pas à entrer la nuit dans les chambres des membres de la Caritas pour exiger de l’argent ou de l’aide. Certaines ONG ont d’ailleurs retiré leur personnel de cette région, du fait des risques encourus. Malgré ce contexte tendu et escortée par la police, « notre équipe a réussi à terminer sa mission. Elle a distribué de l’aide à près de 2 000 familles dans les districts de Saptari et à près de 900 autres dans celui de Siraha », a-t-il précisé.
Le gouvernement s’est engagé, pour sa part, à verser 15 000 roupies (près de 170 euros) aux victimes dont l’habitation a été totalement détruite et 5 000 roupies (55 euros) à celles dont la maison a été partiellement endommagée. Néanmoins, la population craint de ne rien recevoir, les pots-de-vin et le « copinage » étant fréquemment pratiqués lorsque des aides sont allouées. Pour Ram Singh, qui a mobilisé des bénévoles pour coordonner l’aide distribuée par la Caritas, l’association catholique « a apporté une aide adéquate au moment opportun en rendant visite aux victimes et en leur apportant directement des vivres », évitant ainsi les risques de détournement de fonds ou de vivres.
En plus des récentes inondations qui ont frappé le pays, le Népal est actuellement en proie à une grave crise politique menaçant sérieusement le processus de paix, entamé en avril 2006, après une guerre civile qui a fait 13 000 morts depuis une décennie. Le 18 septembre dernier, les maoïstes ont quitté le gouvernement de coalition antiroyaliste, majoritairement composée de Pahades, puis ont réclamé la démission du Premier ministre. Quelques jours plus tard, ils ont déclaré s’engager dans une contestation non violente en faveur de l’établissement d’une République, ceci avant la tenue de l’élection d’une Assemblée constituante. Selon le site de l’agence de presse népalaise Kantipur, « le gouvernement américain a demandé aux anciens rebelles maoïstes de ne pas perturber les élections de novembre prochain, considérées comme cruciales pour le processus de paix engagé depuis un an ».
Le Népal compte 25 millions d’habitants, dont 89 % d’hindous, 6 % de bouddhistes, en majorité lamaïste, 3 % de musulmans et quelques milliers de chrétiens.