Eglises d'Asie – Népal
Après la démission des maoïstes du gouvernement et le report sine die de l’élection d’une assem-blée constituante, le vicaire apostolique du Népal s’inquiète du retour à l’instabilité politique
Publié le 18/03/2010
Cette élection avait déjà été reportée une première fois. Les électeurs devaient se rendre aux urnes le 20 juin dernier, mais un premier accroc dans la coalition gouvernementale qui réunissait les huit partis politiques du pays avait abouti à un report au 22 novembre. C’est cette date qui vient d’être repoussée. Après avoir quitté le gouvernement de coalition le 18 septembre dernier, les maoïstes se sont à nouveau distingués en remettant en cause l’équilibre conclu en novembre 2006, lors de la signature d’un accord de paix visant à mettre fin à une décennie de guerre civile qui avait causé la mort de 13 000 personnes. L’accord prévoyait que le futur régime politique du pays – république ou monarchie – serait décidé par cette assemblée constituante, ce que les maoïstes ont remis en question en engageant une contestation, qu’ils annoncent non violente, en faveur de la proclamation immédiate de la république.
Selon Mgr Sharma, ce nouveau report est « regrettable ». Les catholiques avaient prié avec ferveur pour que cette élection prenne place à la date prévue, a-t-il ajouté, et l’Eglise s’inquiète de la marginalisation de la minorité chrétienne dans ce pays très majoritairement hindou (1). Dans ce pays de 28 millions d’habitants, à 80 % hindou, les bouddhistes et une petite minorité musulmane constituent le restant de la population. L’annuaire de l’Eglise catholique indique que le Népal compte 7 500 catholiques et un million de protestants, sans donner de détails quant à la composition de ce million de chrétiens.
Le directeur de la Société biblique internationale à Katmandou, Laxmi Prasad Neupane, souligne, quant à lui, que les changements institutionnels introduits en janvier dernier – le royaume hindou est devenu une monarchie laïque et le roi a été défait de l’essentiel de ses pouvoirs – ne se traduisent pas par une évolution des mentalités. Dans les villages, les chrétiens sont toujours considérés avec un certain mépris et la législation en place n’a pas été changée par le gouvernement intérimaire, le prosélytisme demeurant interdit.
De son côté, le Conseil national des Eglises du Népal, structure qui réunit des Eglises protestantes, a demandé qu’un ministère soit créé pour répondre aux besoins spécifiques des minorités religieuses. Kali Bahadur Rokaya, secrétaire général de ce conseil, indique qu’aucune assurance n’a, à ce jour, été donnée en ce sens. La nomination de ce même Kali Bahadur Rokaya, en septembre dernier, en tant que membre de la Commission nationale pour les droits de l’homme, a toutefois été perçue comme un signe encourageant par la minorité chrétienne. C’est en effet la première fois qu’un chrétien est nommé à une responsabilité aussi élevée dans l’appareil d’Etat.