Eglises d'Asie

Le gouverneur de Pampanga et son bureau s’opposent sur la question des taxes issues de l’extraction des sables volcaniques dans la province

Publié le 18/03/2010




Le P. Eddie Panlilio, gouverneur de la province de Pampanga dans le nord du pays (1), souhaite que les cotisations perçues sur l’extraction du lahar, un mélange de sable volcanique et de boue, soient mieux réparties afin que les communautés pauvres alentours puissent en bénéficier. « Les ressources d’extraction sont une bénédiction de Dieu, et les autres villes qui ne sont pas bénies par la présence de sable volcanique méritent également de pouvoir bénéficier de la grâce de Dieu », a-t-il déclaré le 25 septembre dernier.

Cette politique ne convient pourtant pas aux dix membres du Bureau provincial qui, trois jours auparavant, ont approuvé à l’unanimité l’ordonnance n° 172 transférant le pouvoir du gouvernement provincial en matière de contrôle et de taxation de l’extraction, aux maires des sept communes concernées par l’extraction du lahar, municipalités qui sont également les plus riches de la province de Pampanga. Cette ordonnance a été ratifiée dans la « précipitation », sans le consentement de la population. Elle va à l’encontre du Local Government Code de 1991, qui attribue la gestion et le contrôle des taxations en matière d’extraction au gouvernement provincial, a précisé le prêtre qui a promis d’opposer son véto et de porter l’affaire en justice si le Bureau provincial passait outre.

Trois cents pesos (près de cinq euros) sont collectés par le gouvernement auprès des entreprises d’extrac-tion pour chaque camion chargé de sable. Selon les règles précédentes, la moitié de la somme était perçue pour « frais d’administration » par le gouvernement provincial, l’autre moitié étant répartie entre la province, la municipalité concernée et le village d’où est extrait le sable, en observant un schéma 30-30-40. L’ordonnance n° 172 récemment promulguée annule, quant à elle, les frais d’administration et répartit l’intégralité des 300 pesos entre la province, la municipalité et le village concerné, en conservant le schéma de répartition initial, réduisant ainsi les recettes de la province et augmentant celles des municipalités et des villages riches en sable volcanique.

Pour le P. Panlilio, la province a véritablement besoin des taxes perçues au nom des frais administratifs pour « financer un programme social dans les treize villes qui ne disposent pas de ressources d’extraction ». Dans une lettre adressée au Bureau provincial, il demande l’ajournement de l’ordonnance, son équipe étant actuellement en train d’améliorer les procédures de collecte des taxes par l’intermédiaire du Bureau provincial des contrôles miniers (Provincial Mining Regulatory Board). Il demande également aux membres de ce Bureau de laisser au gouvernement provincial le temps nécessaire pour informer, consulter et impliquer les citoyens.

Le montant des cotisations versées a considérablement augmenté depuis que le P. Panlilio occupe le poste de gouverneur. Du 2 juillet au 20 septembre dernier, le gouvernement provincial a ainsi collecté 60,2 millions de pesos en frais d’extraction, contre 29,1 millions pour l’année 2006. Le 20 juillet, le P. Panlilio a distribué aux chefs de villages, aux maires et aux trésoriers municipaux, les cotisations perçues les quinze premiers jours du mois.

Pour les « plus pauvres des pauvres », cet argent est un cadeau de Dieu ; il permettra à certains villages ou aux localités plus importantes de mettre en œuvre « des projets d’infrastructure et de services sociaux », a expliqué le gouverneur. Benjamin Palma, chef du village de Dolores, à Mabalacat, qui a reçu un chèque dont le montant est 35 fois plus élevé que celui reçu pour les six premiers mois de l’année, a qualifié « la bonne gestion » du gouverneur de la province de « volonté de Dieu ».

Le P. Panlilio, qui s’est engagé en politique faute de nouveaux candidats laïques pour contrebalancer « les pouvoirs politiques traditionnels fréquemment impliqués dans des affaires de corruption », a été élu en mai dernier. Le 1er octobre dernier, il a lancé une campagne intitulée « White Ribbon Campaign » (‘Campagne du ruban blanc’). Des fonctionnaires ainsi que des militants se sont vus remettre un ruban blanc lors du lancement de « la croisade » du P. Panlilio pour une bonne gestion de la province et une citoyenneté responsable. « Le blanc symbolise les qualités morales de gouvernement et la bonne gestion. » Porter un ruban blanc signifie qu’on s’implique dans la croisade pour un gouvernement propre et honnête, a-t-il déclaré aux fonctionnaires et aux personnes présentes, invitant la population à s’impliquer davantage « en apposant eux-aussi un ruban blanc sur leurs véhicules ou leur maison ». Cette campagne anti-corruption ne semble pourtant pas plaire à tous les habitants de la région. Le P. Panlilio a été menacé par un détracteur. Il porte désormais un gilet pare-balles lors de ses déplacements et les mesure de sécurité à son égard ont été renforcées.