Eglises d'Asie

Maharashtra : une communauté chrétienne qui attire beaucoup de monde est devenue la cible d’extrémistes hindous

Publié le 18/03/2010




Le 8 juin et le 25 août derniers, Peter David Silway, pasteur de l’Eglise des ouvriers de la vigne (Vineyard Workers’ Church), a été attaqué à coups de crosse et par des jets de pierres. Des violences revendiquées par les militants du Vishwa Hindu Parishad (VHP, Conseil mondial hindou). Malgré cela, la foule ne désemplit pas au temple de la communauté, fondée il y a quinze ans. Chaque jour, le pasteur organise des temps de prière et, les week-ends, ce sont des milliers de personnes qui s’y retrouvent. Le 22 septembre dernier, ils étaient quelque 6 000 à assister à l’office.

« J’ai pardonné à mes agresseurs et je n’ai de rancune contre personne », a confié le pasteur à l’agence Ucanews. Le 8 juin, en soirée, le pasteur a été attaqué par une demi-douzaine de jeunes qui prétextaient vouloir lui offrir des fleurs. Entendant ses cris, des chrétiens lui sont venus en aide et l’ont conduit à l’hôpital. Le 25 août, c’est sa voiture qui, quittant le temple, a été prise en chasse par des jeunes en mobylette armés de pierre. Mais le vicaire du pasteur avait anticipé l’attaque : « Nous avions demandé au pasteur de rester dans l’église, pour le conduire chez lui dans une autre voiture. »

Après avoir organisé une réunion à Pune aux sujet des récentes attaques, Abraham Mathai, vice-président de la Commission pour les minorités de l’Etat, a déclaré qu’un « groupe de 25 à 30 personnes se rassemblait régulièrement à l’extérieur de l’église », particulièrement le samedi, pour y tenir « des discours enflammés et terroriser » les chrétiens. La Commission a demandé que les coupables soient arrêtés.

Des prospectus d’incitations à la haine contre la communauté ont été retrouvés près du temple. Leurs auteurs, membres du VHP, ont déposé plainte auprès de la police locale car ils accusent le pasteur Silway d’inciter à la conversion, de blesser la sensibilité religieuse hindoue et d’attirer les villageois hindous en propageant des superstitions religieuses. Kailash Jadhav, un militant de l’Armée de Shiva (1), souligne que l’afflue de fidèles aux alentours du temple entraîne des nuisances sonores et des embouteillages colossaux.

« Je ne convertis personne », insiste le pasteur qui indique que, parmi les fidèles, figurent des personnes de différentes religions. Il se défend aussi de vendre de l’huile bénite, comme cela lui a été reproché. « Nous ne la vendons pas, mais nous acceptons les offrandes », rectifie-t-il.

Parmi les hindous qui fréquentent le lieu, beaucoup ne comprennent pas la raison des attaques perpétrées contre le centre et son responsable (2). « Beaucoup d’hindous, comme moi, trouvent ici un endroit paisible et confortable et aucun n’est forcé à venir », confie l’un d’eux.