Eglises d'Asie

Province de Tiên Giang : deux personnalités religieuses, l’une catholique, l’autre bouddhiste, ont été mises en accusation pour dissidence devant la population rassemblée

Publié le 18/03/2010




Récemment, deux personnalités religieuses dissidentes, un prêtre catholique de Huê et un religieux délégué officiel du bouddhisme unifié pour la province de Tiên Giang, ont fait l’objet d’accusations publiques devant la population convoquée à cet effet. Dans les deux cas, les personnes incriminées étaient absentes, l’une parce qu’elle avait refusé d’y participer, l’autre parce qu’elle n’y avait pas été invitée.

Dans une interview accordée à Radio Free Asia (émission en vietnamien) (1), le 2 octobre 2007, le P. Phan Van Loi, du diocèse de Huê, a révélé qu’il avait été invité, deux jours plus tôt, à une séance d’accusations publiques, organisée contre lui par les autorités du district. Cette espèce de jugement populaire devait commencer à 8 heures du soir dans la cour d’une école du district de Phuoc Vinh, avec le concours de la population locale. Le prêtre ayant refusé de s’y rendre, la séance a quand même eu lieu en son absence. Sept fonctionnaires du district et environ vingt policiers y participaient. Des personnes proches du prêtre présentes à cette réunion lui ont raconté le déroulement des faits.

Une première proposition suggérant d’amener le prêtre à cette réunion par la force n’a pas été pas suivie. Une personne chargée de la sécurité dans le voisinage de la maison du P. Loi s’est levée pour l’accuser de négliger ses devoirs sacerdotaux, d’accorder son soutien au P. Nguyên Van Ly, de troubler l’ordre public et de diffuser sur Internet des textes s’opposant au gouvernement et au Parti. Ce fut ensuite le tour de quelques cadres en retraite, inconnus du P. Loi, qui reprirent les accusations précédentes. Ils proposèrent que des mesures soient prises contre le prêtre dissident. Aucun des nombreux fidèles de la paroisse de Phu Cam qui se trouvaient dans l’assistance n’a pris la parole. Le 2 septembre, à l’heure où le prêtre s’exprimait devant les micros de Radio Free Asia, les autorités n’avaient pas encore réagi à son absence lors de la séance d’accusations du 30 septembre 2007. Le prêtre a fait remarquer que, déjà un mois auparavant, il avait refusé de se rendre à une séance d’accusations du même type.

Quelque temps auparavant, un religieux bouddhiste, le vénérable Thich Minh Nguyêt, avait été l’objet d’accusations publiques semblables dans la province de Tiên Giang, où il est le représentant du bouddhisme unifié, qui refuse de se rattacher à l’Eglise bouddhiste officielle patronnée par l’Etat. Au cours du mois d’août, il avait collaboré à l’aide distribuée par les responsables du bouddhisme unifié aux paysans spoliés manifestant à Hô Chi Minh-Ville et à Hanoi. Le 22 août dernier, les autorités ont invité les fidèles bouddhistes à se réunir dans trois pagodes de la province, en présence de représentants de la police et des autorités civiles. Un réquisitoire en règle a alors été prononcé contre le religieux Thich Minh Nguyêt et ses collaborateurs, accusés de s’être opposés à l’Etat en encourageant le mouvement des paysans spoliés (2).