Eglises d'Asie

Un colloque souligne la nécessité de prudence en matière d’inculturation du fait de la diversité culturelle des missionnaires

Publié le 18/03/2010




En septembre dernier, à Oulan-Bator, lors d’un colloque sur la liturgie et l’inculturation organisé au Centre d’études et de recherches Antoine Mostaert, 55 missionnaires étrangers aujourd’hui actifs en Mongolie, ont souligné la nécessité de prudence en matière d’inculturation du fait de leur diversité culturelle.

« L’inculturation est la rencontre de deux cultures. Par conséquent, on s’attendrait qu’ici, l’incultura-tion soit la rencontre du catholicisme universel avec la culture mongole, a déclaré le P. Giorgio Marengo, membre de la Commission liturgique de la préfecture apostolique d’Oulan-Bator. Or, cela ne correspond pas à la situation actuelle de la mission catholique en Mongolie, où l’inculturation est en réalité la rencontre de l’Eglise catholique universelle, de la culture mongole et de celle des missionnaires provenant de plus de douze pays différents. Par conséquent, notre défi n’est pas seulement d’adapter notre liturgie afin qu’elle ait un sens pour les catholiques mongols, mais c’est surtout de s’assurer que notre propre culture – qu’elle soit africaine, italienne, coréenne, indienne ou d’ailleurs – ne sème pas la confusion chez les fidèles. »

Mgr Wenceslao Padilla, préfet apostolique d’Oulan-Bator, a donc invité les missionnaires réunis pour l’occasion à être très attentifs à la culture locale. « Les symboles de la ger (yourte), du feu, de la terre, du lait, des offrandes de thé, tous ces éléments doivent être étudiés en profondeur si nous souhaitons les intégrer dans la liturgie catholique », a déclaré le missionnaire philippin, membre de la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie. Le P. Stephen Kim, Coréen, curé de la paroisse Sainte-Marie, à Oulan-Bator, décrit les Mongols comme « un peuple très religieux, pour qui presque tous les aspects de la vie sont empreints de rituels ». Par conséquent, « nous devons expliquer et exprimer très clairement la foi catholique ».

Pour le P. Gaby Tshimanga Bamana, prêtre congolais et confrère de Mgr Padilla, l’inculturation est certes un défi majeur, mais les questions auxquelles les missionnaires sont confrontées dans leur quotidien sont davantage d’ordre pratique. « Si nous entrons dans une yourte pour célébrer la messe, devons-nous organiser la procession dans le sens des aiguilles d’une montre, comme le font traditionnellement les Mongols lorsqu’ils pénètrent dans une ger ? Est-ce qu’une timbale en argent mongole peut-être utilisée comme calice et qu’est-ce que cela signifie pour un catholique mongol ? Devons-nous utiliser de l’eau ou du lait pour les bénédictions ? »

D’autres missionnaires estiment, quant à eux, que le principal défi ne se situe pas dans l’inculturation mais dans la formation des catéchistes. « Lorsque les catholiques mongols auront atteint une certaine maturité, ils seront prêts à exprimer leur foi de leur propre manière et l’inspiration pour une inculturation réelle viendra alors naturellement », commente le P. Serge Patrick Mondomobe, missionnaire congolais.

Le P. Keith Pecklers, jésuite et professeur de liturgie à l’Université pontificale grégorienne de Rome, a animé les débats du colloque. Il a rappelé que l’inculturation était déjà présente aux temps bibliques et qu’elle a toujours posé des défis aux missionnaires, quels que soient les siècles ou les continents.