Eglises d'Asie

DOCUMENT ANNEXE – LETTRE COMMUNE 2007 DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU VIETNAM

Publié le 18/03/2010




 

1.) Depuis l’archevêché de Hanoï où est organisée, pour la 10e fois, l’assemblée de la Conférence Episcopale du Vietnam, du 8 au 12 octobre 2007, nous, cardinal, archevêques et évêques des 26 diocèses du Vietnam, adressons nos salutations affectueuses et nos souhaits de paix à l’ensemble de la communauté du peuple de Dieu du Vietnam, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Plus particulièrement dans la communion, la solidarité et la prière, nous exprimons notre émotion et notre profonde tristesse à l’égard de nos proches victimes de l’effondrement du pont de Can Tho le 26 septembre 2007 et des victimes de la tempête n°5 (Leikina) du 2 octobre 2007.

2.) Frères et sœurs bien-aimés,

Dans les lettres précédentes, nous avons approfondi notre pratique de la foi à travers notre façon de vivre le mystère de l’eucharistie (2004), la parole de Dieu (2005) et notre foi (2006). Poursuivant cette même orientation et dans la perspective de la préparation du 50e anniversaire de l’établissement de la hiérarchie au Vietnam, qui sera célébré en 2010, notre lettre commune de cette année a pris comme thème l’éducation chrétienne. C’est un thème qui convient particulièrement à un moment où l’éducation constitue un problème d’une actualité brûlante partout dans le monde, et plus particulièrement au Vietnam, où beaucoup de personnes considèrent que le moment est venu de dire « non » aux aspects négatifs et aux maladies qui affaiblissent notre système éducatif.

3.) La finalité de l’éducation chrétienne n’est pas seulement de former l’homme de telle façon qu’il soit utile à lui-même, à la famille et à la société, mais c’est aussi de l’aider à se rendre digne de sa qualité d’enfant de Dieu, pour qu’il devienne ensuite un citoyen du royaume de Dieu. Cette émission qui prend sa source en Dieu le Père est réalisée en son Fils et s’accomplit grâce à l’Esprit Saint.

 I – LES FONDEMENTS DE L’ÉDUCATION CHRÉTIENNE Dieu le père et l’œuvre de la création 

4.L’éducation chrétienne, avant d’être le fruit de l’effort de l’homme, fait partie du dessein de Dieu. Lorsqu’il a créé l’homme à son image, en le rendant capable de parvenir à la vérité et à la liberté, Dieu a mené son œuvre créatrice d’une manière pédagogique et souple, l’adaptant aux intérêts et aux capacités d’accueil de l’homme. Au début, le peuple qu’il s’était choisi était encore dur de cœur. Il se montra sévère, mais peu à peu par étapes progressives, il s’est manifesté comme un Dieu « fidèle en ses paroles et plein de tendresse dans ses œuvres ».

 Le fils et la Bonne nouvelle du salut 

5.) La pédagogie de Dieu le Père a surtout consisté à préparer la venue de son fils « pour qu’il enseigne à l’humanité à patienter et à accueillir la grâce du salut ». C’est le Seigneur Jésus, lui-même, qui a affirmé qu’il était « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 6, 14). S’il veut saisir le secret d’une vie authentique, l’homme doit venir se former à l’école du Seigneur Jésus. Cependant se mettre à une telle école, ce n’est pas seulement apprendre à devenir un homme au parfait « humanisme », mais c’est apprendre « à devenir parfait comme Notre-Père dans les cieux est parfait » (Mt 5, 48).

 Le Saint Esprit et son rôle 

6.) Les premiers hommes à être formés à cette école du Seigneur Jésus ont été les apôtres. Jésus a été leur maître mais c’est par l’action du Saint Esprit que l’enseignement de Jésus, à travers la prédication des apôtres, est devenue une force de transformation de l’âme de ceux qui les écoutaient. C’est grâce au Saint Esprit que Saint Paul a constaté que sa prédication était reçue comme la parole de Dieu (voir 1 Th 2, 13). L’apôtre affirme encore : « …Vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : Abba ! Père ! » (Rm 8, 14-17).

 L’Eglise et sa mission éducative 

7.) Avant de monter au ciel le Seigneur Jésus à confié à son Eglise la mission d’aller enseigner le monde. C’est ainsi que l’éducation est devenue une mission liée à la présence de l’Eglise au cœur du monde. « L’Eglise, notre mère, doit se soucier de la vie humaine dans son intégralité. Et de la vie terrestre également dans la mesure où elle est liée à la vocation céleste. Aussi a-t-elle un rôle à jouer dans le progrès et le développement de l’éducation » (Paul VI, Déclaration sur l’éducation catholique, DEC, préambule). La mission de l’Eglise est de créer des conditions pour que chacun puisse bénéficier d’une éducation chrétienne (DEC 2). Comment cette mission peut-elle se réaliser dans le cadre de l’Eglise du Vietnam aujourd’hui ? Telle est la question que nous devons poser si nous voulons disposer d’orientations concrètes pour la mission éducative de l’Eglise au Vietnam. 

II – SITUATION ACTUELLE DE L’ÉDUCATION CHRÉTIENNE AU VIETNAM Des signes incitant à l’optimisme 

8.) Bien que nous devons faire face à d’innombrables difficultés liées au temps présent – crise de la vérité et des valeurs morales, relativisme –, le domaine de l’éducation, dans le cadre de la société comme dans l’Eglise, est actuellement l’objet d’une plus grande attention et bénéficie de transformations positives. En ce qui concerne la société, de nombreux efforts sont réalisés pour renforcer l’environnement éducatif et éliminer les faiblesses constitutives et les aspects négatifs dans le système éducatif et celui des concours. Quant aux parents d’élèves, ils sont nombreux à vouloir économiser pour l’éducation de leurs enfants. Des centres de préparation aux examens sont créés un peu partout mais ils restent encore insuffisants pour répondre aux besoins des candidats toujours plus nombreux. 

9.) La présence des jeunes catholiques dans le milieu éducatif de la société a, pour une part, été normalisée. Les curriculum vitae mentionnant l’appartenance catholique ne donnent plus lieu à discrimination et à marginalisation comme autrefois. Le nombre d’étudiants catholiques, de niveau universitaire, a considérablement augmenté, y compris dans les campagnes. Dans le domaine de la foi, les classes d’instruction religieuse pour les catéchumènes et les futurs mariés ont de plus en plus d’élèves. Ceci montre que la jeunesse vietnamienne d’aujourd’hui, contrairement au mouvement d’indifférence religieuse qui sévit à l’Occident, continue d’être sensible aux valeurs religieuses chrétiennes. 

10.) Les progrès scientifiques, techniques et informatiques, de plus en plus utilisés dans tous les domaines de la société, ont beaucoup contribué à la modernisation de l’éducation que ce soit dans la société ou dans l’Eglise.

 Les motifs d’inquiétude 

11.) Cependant à côté de ces signes incitant à l’optimisme, il ne manque pas de sujets d’inquiétude. Il faut citer en premier lieu les conceptions erronées de l’éducation. Sous l’influence d’un esprit tourné exclusivement vers l’économie, l’éducation familiale traverse une crise. Parce que l’on est obligé de courir à la recherche d’un emploi, on ne consacre plus son temps aux chaleureuses réunions familiales. Les repas réunissant de nombreux convives sont de plus en plus rares. Pour la même raison les relations entre mari et femme, parents et enfants, se relâchent et s’affaiblissent peu à peu. En conséquence, le milieu familial qui a toujours été un foyer de tendresse, n’est plus aussi « rayonnant ». 

12.) L’obsession des diplômes risque d’entraîner la famille dans la recherche d’une vaine gloire. Les parents et même les enfants désirent des diplômes, en premier lieu, pour leur propre satisfaction et également pour trouver un emploi intéressant. Mais, ce faisant, ils oublient la plus haute finalité de l’éducation qui est « d’étudier aujourd’hui pour servir demain »

13.) L’insuffisance des moyens éducatifs constitue un autre sujet d’inquiétude. Il semble que l’on ne se préoccupe que de la réponse à donner aux besoins du développement économique mais que l’on fait peu de cas de la dimension humaine. À l’école, les élèves sont davantage soucieux d’affronter les examens que de se former humainement. Les écoles se préoccupent davantage des notes et des prouesses scolaires que de la formation réelle des élèves. 

14.) Le dogmatisme dans l’enseignement est un phénomène encore assez répandu. Généralement, les enseignants apprennent aux élèves à reproduire des connaissances, telles qu’elles, à rédiger des devoirs conformes à des modèles déterminés à l’avance, plutôt qu’ils ne les forment à la création et à la recherche en utilisant leurs propres forces. 

15.) Le côté négatif des médias modernes constitue un des éléments nuisibles à l’éducation. Bien que contribuant à éclairer de nombreuses valeurs humanistes, ils fournissent aussi l’occasion de regrettables abus. Sans en avoir conscience, ceux qui les utilisent, – des jeunes pour la plupart – au lieu de s’efforcer de faire preuve de discernement, pour n’en recueillir que le meilleur, tombent dans le piège de ce type de culture immorale.

 16.) Dans le domaine de la foi, de nombreux parents catholiques, et même certains pasteurs, font encore preuve de négligence ou d’irresponsabilité en ce qui concerne la transmission de la foi aux enfants. Ils n’organisent plus de classes de catéchisme, et souvent, les parents n’envoient même plus leurs enfants participer aux classes. Dans un certain nombre d’endroits, le catéchisme est encore considéré comme un nombre de leçons théoriques qu’il faut apprendre par cœur, afin de recevoir les sacrements. L’enseignement du catéchisme n’utilise pas encore de véritables méthodes pédagogiques adaptées et il n’est pas associé aux témoignages vivants de ceux qui transmettent la foi. Les insuffisances citées ci-dessus exigent que nous corrigions nos manières d’éduquer la foi afin qu’elles soient conformes à l’esprit de l’Evangile. Concrètement, il nous faut proposer des lignes de conduite pour les chrétiens vietnamiens vivant en cette époque historique qui est la nôtre. 

III – PRÉSENTATION DE L’ÉDUCATION CHRÉ-TIENNE 

17.) Consciente de l’importance de sa mission au regard de l’avenir de l’Eglise et du futur de la nation, l’Eglise du Vietnam veut s’engager dans l’œuvre éducative, afin de réaliser sa vocation de prêcher l’Evangile de Jésus-Christ à tous, d’une façon plus efficace et plus authentique. C’est dans cet esprit que nous appelons ceux qui ont une responsabilité éducative et tous les chrétiens du Vietnam à se préoccuper davantage de cette sublime mission qui comporte un certain nombre de caractéristiques originales par rapport à l’éducation séculière. 

Une éducation de caractère universaliste 

18.) De même que le Christ a été envoyé vers le monde entier (Voir Lc 4,18-19), l’Eglise a pour mission d’apporter la bonne nouvelle à tous les hommes (Mc 16,15) sans distinction d’origine, de classes sociales ou de conditions économiques. Cette mission n’est pas seulement celle de certains membres de l’Eglise, mais elle englobe l’intégralité de l’Eglise de tout lieu et de tout temps, tous ses membres individuels et toutes ses communautés (voir Christifideles laici, CFD, 1).  

19.) « Cette mission commence par l’incarnation au monde dont a parlé le concile Vatican II. Avant de transmettre la foi, l’Eglise a pour mission de se mettre au service du bien de la société terrestre et de la construction du monde qui doit recevoir une figure plus humaine » (DEC 3). C’est pourquoi, l’Eglise a besoin d’avoir sa place dans le système éducatif de n’importe quelle institution sociale. Au Vietnam, ce qui nous incite à l’optimisme, c’est que l’éducation, autrefois considérée comme le monopole de l’Etat, est aujourd’hui en train d’être « socialisée » (1). Selon cette orientation, les personnes privées y compris les étrangers, ont le droit d’ouvrir des écoles privées. 

20.) Cependant, il est regrettable que, pour les organisations religieuses au Vietnam, les portes de l’éducation restent encore fermées ; les religions n’ont que le droit d’ouvrir des écoles maternelles privées. Bien que, sans cesse, elle s’efforce de faire tout ce qui lui est permis pour réaliser sa mission d’incarnation dans le monde, à savoir l’ouverture de classes de l’affection, la création de bourses pour les enfants pauvres ou handicapés, l’Eglise catholique, en tant qu’organisation religieuse, se trouve contrainte de rester en marge de l’œuvre éducative de la société vietnamienne et, parce qu’elle n’a pas le droit de s’y engager, ne peut, bien malgré elle, que jouer un rôle d’observateur.

21.) Dans le domaine de la foi, l’image sans doute la plus belle pour décrire le caractère vivant de l’éducation chrétienne est celle des sarments de vigne dont parle Jésus (Jn 15,16). Cette image nous est plus particulièrement suggérée par les activités des catéchistes. Ils sont semblables aux sarments de vigne, reliés au cep, le Christ. Ils vont puiser la sève vivante de la parole de Dieu dans le cep du Christ, pour la transmettre aux catéchumènes par le témoignage, la prédication et la pratique des directives du Seigneur.  

22.) En ce sens, nous sommes, tous les chrétiens, des catéchistes, parce que par le sacrement du baptême, nous avons été invités à participer à l’œuvre éducative, dans laquelle, selon Jean-Paul II, « chacun de nous est à la fois le terme et le principe de la formation : mieux nous nous formons, mieux nous serons capables de former les autres » (RCFL 7). Apprendre et enseigner, c’est également renforcer notre foi et celle de nos frères (voir Lc 22,32-33). Aussi longtemps que nous sommes membres de l’Eglise en son pèlerinage sur la terre, nous restons des élèves mais aussi des enseignants de la foi par le témoignage de notre vie. 

Les priorités 

23.) L’universalité de l’éducation chrétienne est telle que personne n’est dispensé de cette responsabilité. En outre, celle-ci exige des chrétiens qu’ils n’excluent aucun de ses destinataires. Pour cela, les chrétiens doivent se préoccuper davantage des personnes qui sont délaissées, méprisées et oubliées par la société : les illettrés, les enfants qui n’ont pas les moyens d’aller à l’école, les personnes isolées par complexe ou par discrimination. Le Seigneur Jésus a affirmé que sa première mission a été d’annoncer la bonne nouvelle aux prisonniers, aux aveugles et à ceux qui subissent l’oppression (Lc 4,18ss). 

24.) Dans le cadre de l’industrialisation des sociétés en développement, l’agriculture et l’artisanat traditionnels ne produisent plus désormais les ressources suffisantes à la subsistance des travailleurs. Beaucoup d’entre eux n’ont plus d’autre alternative que de migrer vers les villes pour y trouver un emploi. Ils y subissent de nombreuses pénuries et sont soumis à des difficultés aussi bien matérielles que morales, loin de leur terre natale. Pour qu’ils puissent, dans une certaine mesure, maintenir la vie de leur foi, qui risque d’être mise sous le boisseau par les soucis de leur subsistance, ils ont besoin de se plonger dans le climat moral des paroisses existant sur leur lieu de résidence temporaire. Le curé et la paroisse devraient être prêts à les soutenir, à partager leurs préoccupations, à les accueillir et à créer les conditions favorables pour qu’il puisse s’intégrer rapidement aux activités morales et culturelles dans le lieu où ils vivent. La parole de Dieu et le cadre moral de la paroisse forment l’environnement et les conditions nécessaires à leur réconfort et au regain de leur foi en Dieu, lui qui a le pouvoir de transformer leur vie sur une terre étrangère, en pèlerinage vers leur patrie céleste. 

25.) Les enfants et les jeunes méritent une attention prioritaire. Les enfants, ces pages blanches qui attendent qu’on les illustre de belles images, doivent bénéficier d’une éducation authentique dans son contenu et efficace dans ses méthodes. Elle constituera pour eux un capital et un équipement utile pour la totalité de leur parcours d’hommes et de croyant. 

26.) « Les jeunes sont l’avenir de l’Eglise et du monde » (Pour une pastorale de la culture, 38). Ils ont besoin d’être affectueusement guidés par des éducateurs et par les générations qui les précèdent, de telle sorte que l’ardeur de leur jeunesse se tourne véritablement vers la construction de la société et de l’Eglise. 

L’environnement éducatif 

27.) La responsabilité de l’éducation de la foi est du ressort de tous les chrétiens. Cependant, dans la pratique, c’est sur les éducateurs que repose la responsabilité de l’éducation professionnelle. Le pape Jean-Paul II dans l’exhortation apostolique « Christianifideles laici » a lancé un ardent appel aux enseignants des écoles catholiques ou non catholiques, pour qu’ils soient des témoins de la bonne nouvelle (voir CFL, 6). Ainsi, outre la vie exemplaire qu’ils doivent mener, les enseignants doivent être les ambassadeurs du Christ dans les classes, par leur vie et leur conscience de chrétiens. Ainsi, tous ceux qui les verront pourront rencontrer Dieu. 

28.) Les grands séminaires et les instituts catholiques, les centres d’éducation équipés d’un personnel et de moyens suffisants doivent jouer leur rôle propre en « formant des personnes qui y auront la responsabilité de la formation des fidèles » (CFL 7). Ces institutions ne se contentent pas de fournir à l’Eglise des enseignants mais elles forment aussi des disciples du Christ Jésus. Les étudiants quitteront l’institut à un certain moment, à la fin de leurs études ou lorsqu’ils recevront une nouvelle charge. Mais jamais, ils ne quitteront l’école de Jésus, le maître permanent des éducateurs et des formateurs.  

29.) La famille est « l’Eglise à la maison ». Pour l’éducation chrétienne, elle est l’école naturelle et fondamentale. Tous les membres de la famille, grands-parents, parents, frères et sœurs y vivent leur foi avec ferveur, accomplissant la transmission de la foi à travers des prières, les recommandations, et plus particulièrement à travers les événements tristes et joyeux de la vie, ainsi que par les exemples de foi. La famille est aussi « le berceau de la vie et de l’amour », qui aide chacun des membres de la famille à faire l’expérience de l’amour et de la fidélité de Dieu. En même temps, elle aide ses membres à se représenter ce que seront des relations interhumaines dans la société. 

30.) Dans l’éducation chrétienne, la famille ne peut être séparée de la paroisse. Dans la famille, la foi est communiquée dans la proximité et d’une manière pratique. Les leçons y sont données à travers la vie quotidienne. Dans la paroisse, la foi est communiquée par des enseignements et la célébration liturgique. C’est lorsque les chrétiens confrontent et accueillent les impressions de chacun, lorsqu’ils s’unissent dans l’amour et qu’ils prient ensemble que leur foi est nourrie et confortée. 

31.) Les classes d’instruction religieuse constituent les moyens fondamentaux de l’éducation chrétienne. Le curé de paroisse avec les enseignants auront la responsabilité d’initier au christianisme et de catéchiser des élèves qui se préparent à recevoir les sacrements. Là, les laïcs bénéficient d’un environnement où ils peuvent manifester leur foi devant les autres membres de la communauté et participer aux offices, à la liturgie et aux sacrements. Telles sont les formes de participation directe et efficace, à l’œuvre pour éduquer chrétiennement (voir DEC 4). 

32.) Avec la paroisse, les organisations, les associations catholiques et les communautés de base constituent un en-vironnement indispensable pour que l’éducation chrétienne puisse se déployer dans sa totalité et en équilibre. 

Le caractère global de l’éducation chrétienne 

33.) En tant que Mère et Educatrice, l’Eglise catholique a comme devoir de transmettre à tous les hommes et surtout aux chrétiens une éducation intégrale. Le premier objectif de l’éducation chrétienne est la foi. L’éducation de la foi ne consiste pas seulement à transmettre aux fidèles, mais aussi de les aider à vivre cette foi dans leur vie concrète, car une foi sans acte est une foi morte. Les fidèles, grâce à leur formation, deviendront le levain, le sel et la lumière du monde. 

34.) Parce que l’homme est une âme incarnée dans un corps, l’Eglise, dans son éducation de la foi, vise à la formation de l’homme tout entier pour l’aider à reconnaître sa dignité. En prenant conscience de celle-ci, le chrétien comprend que sa mission consiste à se préparer à partir annoncer la bonne nouvelle du Christ à ceux qui ne croient pas encore et à conforter la foi de ses frères. La dignité du chrétien est un enseignement à approfondir tout au long de la vie, une vie pendant laquelle le fidèle doit se considérer comme un pèlerin. Cette dignité y est en formation et ne prendra sa pleine dimension qu’au dernier jour. De même, la mission du croyant est d’être sans cesse envoyée vers les champs prêts pour la moisson mais qui manquent de moissonneurs (voir Mt 9,37). L’éducation chrétienne exige de nous, aujourd’hui, que nous soyons résolus à renforcer cette dignité pour accomplir notre mission. Plus nous l’accomplirons, plus cette dignité sera renforcée. 

35.) Les hommes vivent en société et non en solitaire. Ils sont solidaires les uns des autres dans leurs joies comme dans leurs peines. Ce caractère social est un des traits marquants de la condition humaine. L’éducation chrétienne contribue à renforcer cette solidarité en rendant les hommes responsables les uns des autres, responsables à l’égard de la société et du bien commun pour l’édification d’une vie heureuse et paisible. 

36.) Consciente de sa mission de témoins de la vérité, l’Eglise du Christ, à travers l’expérience des diverses époques, a fait entendre sa voix à travers des enseignements de caractère social. Grâce à cela, l’Eglise partage les joies, les espérances, les tristesses et les soucis de l’humanité (voir Gaudium et Spes, 1). Par ses enseignements, l’Eglise a cherché à proclamer l’Evangile et à rendre celui-ci présent à l’intérieur du réseau des relations sociales. En exposant ses prises de position et sa ligne générale dans le domaine social, l’Eglise accomplit sa mission prophétique, face à divers courants contraires à l’enseignement de l’Evangile et à la morale sociale. 

37.) L’éducation chrétienne souligne aussi l’importance de la formation de la conscience. Cette formation ne se réduit pas à l’enseignement d’impératifs juridiques et moraux. Mais elle consiste davantage à s’exercer à écouter la voix spontanée de son cœur dans la détermination du bien et du mal. Parce que « la conscience est la loi naturelle qui reflète la dignité de l’homme et pose les soubassements de ses devoirs fondamentaux », « plus la conscience droite l’emporte, plus les personnes et les groupes s’éloignent d’une décision aveugle et tendent à se conformer aux normes objectives de la moralité » (Gaudium et Spes, 16). Avec une conscience droite, les hommes travailleront plus facilement à l’édification d’une vue juste, respectant davantage la dignité et la vie humaine. 

38.) Enfin, puisqu’une activité est toujours liée à un espace déterminé, l’éducation se doit d’être en relation avec la tradition culturelle du lieu où elle s’exerce. Poser la question de l’éducation chrétienne au Vietnam, c’est poser la question de la promotion de la tradition culturelle du Vietnam. Notre nation s’est toujours enorgueillie de l’amour que ses ressortissants manifestaient pour les études et du respect qu’ils accordaient aux enseignants. Si cette tradition a, dans le passé, contribué à enrichir la culture vietnamienne et a donné naissance à de nombreuses personnes célèbres qui ont illustré notre pays, aujourd’hui elle doit devenir l’une des composantes de l’éducation chrétienne au Vietnam. 

39.) L’éducation est une œuvre de longue haleine que l’on ne peut accomplir à court terme. Cependant, nous devons l’accomplir étape par étape, en nous proposant des objectifs précis à atteindre pour une période déterminée. Notre assemblée de cette année a proposé un certain nombre d’orientations destinées à réviser l’éducation chrétienne au Vietnam, des orientations à mettre en œuvre dans les années qui viennent. Concrètement, nous appelons les diverses composantes du peuple de Dieu à accomplir les trois étapes suivantes : – 2008 : révision du milieu éducatif familial catholique- 2009 : révision de la formation des catéchistes- 2010 : révision des établissements éducatifs des paroisses 

Conclusion 

Frères et sœurs bien-aimés, l’éducation chrétienne, par l’enseignement et la vie, vise à former des hommes et des enfants de Dieu. Les chrétiens de tous les temps et de tous les lieux en sont responsables. La génération plus ancienne est responsable de l’éducation de la foi de la génération qui suit. Celle-ci reçoit la foi, la conforte et la transmet à une nouvelle génération. L’histoire est cet itinéraire au cours duquel les chrétiens partagent leur foi entre eux sous la conduite et à la lumière de l’Esprit Saint.  L’éducation chrétienne est une mission urgente. Les éblouissantes transformations de la civilisation moderne ne nous permettent pas de tergiverser et de remettre cette tâche à demain, sous peine d’être rejeté au dernier rang. Plus que jamais, la devise que nous devons promouvoir est : « L’éducation d’aujourd’hui, c’est la société et l’Eglise de demain ». Sous le patronage de Notre-Dame de La Vang, de Saint Joseph, des saints Martyrs du Vietnam, nous vous invitons, frères et sœurs, à assumer ensemble et d’un même cœur les taches propres à l’éducation chrétienne afin que, par sa foi vivante, l’Eglise au Vietnam s’efforce de rendre davantage gloire à Dieu et de contribuer à la construction du bonheur de tous. En communion avec vous, frères et sœurs, dans l’action de grâces et l’adoration de Dieu. A Hanoï, le 12 octobre 2007,Pierre Nguyên Van Nhon, président de la Conférence épiscopale Joseph Ngô Quang Kiêt,secrétaire de la Conférence épiscopale