Eglises d'Asie

Le 30 décembre prochain pourrait être la date choisie par la Corée du Sud pour ratifier un projet de loi abolissant la peine de mort

Publié le 18/03/2010




Depuis dix ans, aucun condamné à mort n’a été exécuté en Corée du Sud et l’espoir de voir l’abolition de la peine capitale inscrite dans les lois du pays a été souligné, le 10 octobre dernier, Journée mondiale contre la peine de mort. A cette occasion, le Comité pour les droits de l’homme de l’archidiocèse de Séoul, ainsi qu’une vingtaine d’associations de religions différentes, se sont rassemblés pour se concerter.

Au cours de cette réunion, les responsables religieux et les militants des droits de l’homme ont souligné que la Corée du Sud était devenue un pays abolitionniste de facto, dans la mesure où aucun prisonnier n’y a été exécuté durant ces dix dernières années. Ils ont bon espoir que la Corée du Sud transforme prochainement ce moratoire en une loi.

C’est le président Kim Dae-jung, un catholique, lui-même ancien condamné à mort – en 1980, par les militaires alors au pouvoir –, qui avait décidé, en 1998, l’arrêt des exécutions capitales. La Corée du Sud va rejoindre le rang des nations avancées « en terme des droits de l’homme », avait alors déclaré le président Kim, avant d’ajouter que personne, sinon Dieu, ne pouvait prendre la vie d’un homme, quel qu’il soit.

Le 10 octobre dernier, le vénérable Jikwan, à la tête de l’Ordre Jogye, la plus importante dénomination bouddhique en Corée du Sud, a rappelé que la peine de mort ne résolvait pas les crimes. Selon lui, le 30 décembre prochain, le Parlement pourrait enfin voter le projet de loi du 22 novembre 2004, demandant son abolition, projet discuté en commission mais jamais présenté en session plénière (2).

Le cardinal Stephen Kim Sou-hwan, 85 ans, archevêque émérite de Séoul, trop fatigué pour se rendre lui-même au rassemblement de commémoration, a transmis un message, lu par le P. Vincent Choe Won-o, sous-secrétaire de la Conférence des évêques, dans lequel il a déclaré être « vraiment reconnaissant » que la Corée du Sud fasse partie des pays abolitionnistes de fait. Il a ajouté qu’il ne restait à son pays qu’un pas à faire pour entrer dans la liste des nations qui respectent la vie et les droits de l’homme en tant que valeur fondamentale. Il a appelé, à cette occasion, les catholiques et en particulier l’épiscopat, à presser le Parlement de légiférer en ce sens (3).

Pour l’ensemble des personnes présentes au rassemblement, le vote d’une loi abolitionniste inciterait d’autres pays asiatiques à faire de même. Selon John Kim Hyoung-tae, à la tête du comité pour l’abolition de la peine de mort de la Commission épiscopale ‘Justice et Paix’, « en Asie, la Corée du Sud peut conduire un mouvement abolitionniste en faisant pression sur les pays qui ont toujours recours à la peine de mort, en particulier la Chine, l’Indonésie et le Japon », un geste qui prendrait tout son sens dans la mesure où la Corée du Sud fait partie du Conseil pour les droits de l’homme aux Nations Unies.

A ce jour, 64 personnes sont détenues dans les couloirs de la mort des prisons sud-corénnnes.