Eglises d'Asie

Le Forum de la société catholique indonésienne (FMKI) invite ses membres à agir contre le fondamentalisme et le matérialisme

Publié le 18/03/2010




Créé en 1998 par des catholiques engagés en politique et dans la vie sociale, le Forum de la société catholique indonésienne (FMKI) a tenu son assemblée nationale, la sixième du genre, à Surabaya, capitale de Java-Est, du 27 au 29 septembre dernier. Les 130 représentants de ses 25 branches, présentes dans toutes les provinces du pays à l’exception d’Aceh, ont adopté une motion appelant les catholiques du pays à combattre le fondamentalisme religieux aussi bien que le matérialisme économique, sources d’une déshumanisation de la vie sociale. Les catholiques indonésiens représentent environ 4 % des 235 millions d’habitants de la République unitaire d’Indonésie.

« En tant que catholiques, nous devons nous joindre à toute initiative visant à parvenir à une vie plus humaine, que ce soit dans le secteur social, économique, politique ou culturel », ont affirmé les délé-gués du FMKI, organisation qui, depuis sa création, appelle ses membres à s’impliquer dans les affaires de la nation, sans pour autant chercher à créer un parti ou une structure fondée sur une base confessionnelle. Cette année, la motion votée par les délégués a identifié deux formes de fondamenta-lisme menaçant l’identité nationale indonésienne : le sectarisme religieux et le capitalisme mondialisé.

Ce dernier, également caractérisé par le terme de néo-libéralisme, aboutit à dégrader la dignité de la vie humaine en ne prenant en compte que l’aspect économique de son activité. Il amène les gens à agir dans une dimension unique, faite de matérialisme, d’hédonisme, d’individualisme et de consommation, en affaiblissant du même coup le souci de l’autre, la solidarité et le bien commun. Les délégués poursuivent en expliquant que le capitalisme, devenu dominant dans la vie économique du pays, se traduit par une marginalisation des plus faibles. Ils donnent comme exemple la commercialisation rampante des services publics qui se traduit par une baisse de leur qualité et une hausse de la corruption, à travers un phénomène de « collusion sophistiquée » entre les acteurs économiques et les fonctionnaires. Les membres du FMKI sont encouragés à militer pour obtenir la régulation du capitalisme, en dénonçant, par exemple, les monopoles ou les cas de corruption.

La motion du FMKI mentionne, sans le développer outre mesure, le fondamentalisme religieux comme menace pour l’unité de la nation. Les six religions reconnues par l’Etat – islam, catholicisme, pro-testantisme, hindouisme, bouddhisme, confucianisme – sont appelées à « prendre des mesures concrè-tes pour favoriser le développement de valeurs spirituelles et éducatives au plan local et national ».

Soulignant enfin leur volonté « de développer les contacts avec la hiérarchie catholique et les organisations non catholiques », les délégués ont dit avoir apprécié la présence de l’évêque de Surabaya à leur rencontre. Mgr Vincentius Sutikno Wisaksono qui a présidé la messe d’ouverture du forum, a déclaré que les catholiques indonésiens, bien que très différents les uns des autres, avaient le devoir « de respecter ce qui peut unir l’ensemble des Indonésiens en tant que nation ».